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Recension de PE dans les Reflets du Temps

Martine L. Petauton, rédactrice en chef des Reflets du Temps, a consacré un article au n°4/2011 de Politique étrangère. Voici de larges extraits de cet article.

L’Institut Français des Relations Internationales, on le côtoie […] dans ces débats télévisés de bonne tenue, de C dans l’air ou Ça vous regarde de la Chaîne Parlementaire. Compétences huilées, connaissance parfaite des dossiers [et] une capacité communicante limpide, volontairement pédagogique ; bref, au bout, compréhensible pour le citoyen de base, que nous sommes tous. Un mélange savant / lisible, particulièrement recherché en ces temps croisés de crise financière et de période électorale.

On retrouve toutes ces qualités dans la revue Politique étrangère. On lit, on s’approprie, on s’intéresse, on s’interroge, on utilise après… belle procédure chère à tous les mécanismes d’apprentissage.

Le volume « Hiver 2011 », présentation de belle qualité facilitant la lecture, léguant un livre pour la bibliothèque, bien plus qu’un simple magazine jetable, nous offre un dossier de 6 articles en « Une » d’une utilité brûlante : « La déconstruction européenne ? » (notez le point d’interrogation qui clignote avec force). Seconde « Une » ; quelques articles : « démocratie, démocratisation » nous engagent dans un voyage du Printemps Arabe, à la Chine, en passant par les « élections en Afrique ».

La revue permet encore de s’interroger sur « la sûreté dans le nucléaire » dans un petit dossier « Repères ». De nombreuses recensions de livres ferment l’opus, avant qu’on accède aux abstracts de tous les articles, en anglais – Recherche oblige.

L’architecture des articles – chacun pesant une bonne dizaine de pages – facilite grandement le voyage au pays des idées énoncées ; un « chapeau » signé de la rédaction, résume le contenu ; les problématiques sont indiquées en marge, permettant un « butinage » différencié ; les sous-titres, parfaitement éclairants rendent le service des barreaux d’une échelle. J’ai particulièrement goûté cette organisation, permettant d’échapper au linéaire, qui – vous l’avez peut-être observé, comme moi – a l’inconvénient d’une perte en lignes importante, au fur et à mesure de la lecture. Combien de revues ou d’hebdomadaires grand public pourraient utilement s’inspirer de la méthode !

La Communauté Européenne est-elle en panne, en maladie grave ? Qu’en est-il de l’Europe dans la crise actuelle ? Et la Grèce, et l’Allemagne ? Et nous dans tout ça ? Tous nos journaux, nos émissions TV, tournent peu ou prou, autour du sujet. Les interrogations fourmillent, des suggestions apparaissent ça et là, mais, comme chacun d’entre nous, vous vous perdez peut-être dans la masse d’infos, trop techniques, voire abstraites… alors, n’hésitez pas, le sujet phare de ce numéro de Politique étrangère est l’outil qu’il vous faut ! Auteurs-experts d’obédiences diverses, d’Alain Richard, ancien ministre de la défense de Lionel Jospin, à Patrick Artus, rattaché au Premier Ministre, en passant par des chercheurs CNRS… nous sommes en bonne compagnie.

Les sujets abordés : « Europe politique, un espoir raisonnable ? » ou « une gouvernance économique de la zone Euro ? » le sont sous la forme – maîtresse de l’analyse : la problématique finement disséquée, pour aboutir in fine, à la conclusion posée. « Il est maintenant établi que la sortie de l’Euro serait, pour le gouvernement qui se résoudrait à cette issue, une solution catastrophique » (article de Jacques Mistral ). 4 responsables à la crise des dettes souveraines de la zone Euro, sont repérés par Patrick Artus ; à vous de les découvrir.

Mais, ici – et ce n’est pas le moindre intérêt de cette revue, on ne se contente pas, comme quelquefois, ailleurs, d’observer et de cibler les dysfonctionnements ; on pose des hypothèses, on valide d’éventuelles solutions, on risque des pistes.

Ainsi, ce « Réenchanter le rêve européen » de Maxime Lefebvre, directeur des relations internationales à l’ENA, où l’on voit que la déstabilisation actuelle de l’Europe pourrait aussi passer par des rejets, des envies, et, pourquoi pas, les mécanismes du désamour.

Tous les articles ne « chantent » pas, pour autant, la même Europe ; divergences, par exemple, entre ceux qui renvoient le projet de fédération européenne au rayon des illusions, et s’en tiennent à la subsidiarité « posant de ne faire à l’échelon européen que ce qui présente une réelle plus-value par rapport à l’échelon national », nous dit Maxime Lefebvre ; à l’opposé, un Jacques Mistral et sa gouvernance économique milite, lui, pour un destin fédéraliste…

On remarquera cependant que la petite – ou, sinistre – musique des « haro sur l’Europe » ou même des souverainistes, ne se fait entendre nulle part, ici.

Pour qui n’aurait que peu de temps à consacrer à ce sujet si bien éclairé par l’IFRI, l’article de Cécile Leconte, « Opinions et partis européens face à la crise de l’union monétaire » (euroscepticisme, plans de sauvetage des pays les plus fragiles et vécus en phases successives différentes, par les opinions publiques) est un excellent outil, répondant, probablement à beaucoup de nos questionnements actuels.

Alors, plutôt que – ce que nous faisons tous – investir un budget non négligeable dans les magazines hebdomadaires qui décorent nos points presse de leurs couvertures aguichantes, pourquoi ne pas prendre, de temps à autre, cette bolée de connaissances totalement digestes, qu’est la revue Politique étrangère de l’IFRI, et d’en ressortir, plus armés, par ces gros temps que nous traversons ?

La déconstruction européenne? – Vidéos de la conférence

Le 2 février a eu lieu, à l’Ifri, une conférence de présentation du n°4/2011 de Politique étrangère. Cette conférence portait sur la crise de l’Europe politique. Maxime Lefebvre, directeur des relations internationales de l’ENA, et Alain Richard, ancien ministre de la Défense, y ont présenté leurs articles respectivement intitulés  » Réenchanter le rêve européen ?  » et  » Europe politique: un espoir est-il raisonnable ? « . Voici les vidéos de leurs interventions et un extrait du débat qui s’en est suivi.

Vidéo de l’intervention de Maxime Lefebvre :


Réenchanter le rêve européen ? (Maxime Lefebvre) par Ifri-podcast

 

Vidéo de l’intervention d’Alain Richard :


Europe politique : un espoir est-il raisonnable… par Ifri-podcast

 

Extrait du débat :


Défense et diplomatie en Europe : quelles… par Ifri-podcast

 

Alain-Gérard Slama parle de PE sur France Culture

Alain-Gérard Slama a mentionné le n°4/2011 de Politique étrangère dans sa chronique du 1er février sur France Culture.

Pour écouter cette chronique consacrée à la crise de l’Europe politique, cliquez ici.

Nonfiction.fr : entretien avec Dominique David

À l’occasion de la sortie de Politique étrangère 4/2011, consacré en partie à la crise de l’Europe politique, Nonfiction.fr a posé quelques questions à Dominique David, rédacteur en chef de la revue.

Nonfiction.fr. Pourquoi l’expression « la déconstruction européenne ? » comme titre du dernier numéro de Politique étrangère ?

Dominique David. On est parti de la notion de construction européenne, de ses trois dimensions : unification économique, empilement institutionnel et espace « psycho-politique ». Or ce triptyque est en crise. Sur l’économie, l’Europe n’apporte plus la richesse. Elle n’est plus une garantie de prospérité et de croissance. L’Union européenne fait figure de puissance économique en décalage avec la mondialisation.
Au niveau institutionnel, le désordre est impressionnant. Les institutions de l’Union européenne ne correspondent pas à sa complexité. Et lorsque c’est éventuellement le cas, les peuples ne les comprennent pas. Le montage institutionnel post-élargissement n’est pas opérationnel et n’est pas reconnu comme légitime par les opinions. D’ailleurs, toute les décisions et avancées prétendant gérer l’actuelle crise se sont effectuées hors des institutions communautaires, celles-ci ne les récupérant que formellement.
Enfin, dans ce que je nomme « l’espace psycho-politique », la « crise de moral » est évidente. L’Europe n’est plus nécessaire à la paix pour les nouvelles générations et elle n’assure plus la prospérité économique. Quant à l’intergouvernementalisme exacerbé qui règle désormais le fonctionnement de l’UE, il engendre aussi une déconnexion avec les peuples européens. C’est d’ailleurs un paradoxe : l’intergouvernementalime actuel apparaît encore plus éloigné des peuples que pouvait l’être la méthode communautaire des années 1990.

Nonfiction.fr. Mais alors, quelles perspectives, quelles solutions ?

Dominique David. Il se dégage de notre numéro consacré à la crise européenne trois perspectives : les questions du projet, des institutions et de l’architecture générale. Sur le projet, il faut retrouver l’idée de croissance économique afin de travailler à la sauvegarde d’un style de société propre à l’Europe. Puis il faut régler le problème institutionnel et de la démocratisation de la construction européenne. Il y a d’ailleurs là débat. Un néo-chevènementiste considérerait que l’espace national est le seul espace de production de la démocratie, et que donc l’UE n’a rien à voir là-dedans. Une autre voie, celle de la création d’un espace politique européen, est défendue dans les contributions de Maxime Lefebvre et d’Alain Richard. Dans la situation actuelle, soulignent-ils, les nations ont la politique (politics) mais pas les politiques (policies), et inversement pour l’Union européenne.
Quant aux institutions, les économistes sont formels : il faut passer à un fédéralisme budgétaire – alors qu’aujourd’hui tout est intergouvernementalisme. On est donc en présence de deux tendances historiques contradictoires : la logique institutionnelle dominante, qui va vers l’intergouvernementalisme, et une sorte d’évidence technique ou fonctionnelle qui exige un saut vers le fédéralisme. Enfin, quant à l’architecture globale de l’UE, Maxime Lefebvre pose clairement la question – fondamentale – de savoir s’il est toujours raisonnable de voir l’Union européenne comme un ensemble homogène, organisé sur un mode pyramidal comme un espace politique unique.

Propos recueillis par Nicolas Leron et Estelle Poidevin, le 10 janvier 2012.

Pour s’abonner à la revue Politique étrangère, rendez-vous sur le site de la Documentation française.

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