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La politique étrangère de l’Inde envers l’Iran. Entre politique de responsabilité et autonomie stratégique

Cette recension est issue de Politique étrangère 1/2013. Constance de Roquefeuil propose une analyse de l’ouvrage de Mélissa Levaillant, La Politique étrangère de l’Inde envers l’Iran. Entre politique de responsabilité et autonomie stratégique (Paris, L’Harmattan, 2012, 202 pages).

couv-Levaillant-9782296967946rL’évolution historique de la politique étrangère de l’Inde vis-à-vis de l’Iran est ici exposée de manière abordable et limpide. Les deux pays partagent un passé commun : c’est à la fin du XIIe siècle que l’Inde s’insère dans le monde musulman après la conquête de Delhi par des « Turcs de culture iranienne ». Au XVIIIe siècle, la présence britannique s’étend en Inde et ralentit fortement les échanges entre Téhéran et New Delhi jusqu’en 1947, année où l’Inde accède à l’indépendance.

Géopolitique de l’Inde

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2012). Claire-Marine Selles propose une analyse de l’ouvrage d’Olivier Guillard, Géopolitique de l’Inde : le rêve brisé de l’unité (Paris, PUF, 2012, 212 pages).

L’approche didactique de cet ouvrage permet de saisir de façon claire les enjeux que pose une société de plus de 1 milliard d’individus dans un pays qui, après avoir été pendant des années associé au sous-développement, revendique aujourd’hui un rang de puissance tant régionale que mondiale. L’inévitable fragmentation induite par la taille et la diversité de la population indienne semble constituer, pour Olivier Guillard, le principal obstacle retardant la jeune nation dans son ascension vers le devant de la scène internationale.

Contemporary Indian Foreign Policy

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012). Isabelle Saint-Mézard, chercheur associé au Centre Asie de l’Ifri et maître de conférences en géopolitique asiatique à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8, propose une analyse de l’ouvrage de David M. Malone, Does the Elephant Dance? Contemporary Indian Foreign Policy (Oxford University Press, 2011, 448 p.).

Universitaire et diplomate, David M. Malone dresse dans cet ouvrage un panorama des enjeux de la politique étrangère de l’Inde et s’appuie pour ce faire sur son expérience de Haut Commissaire du Canada à New Delhi de 2006 à 2008. Son analyse se concentre sur les principaux axes de la diplomatie indienne : le partenariat avec les États-Unis et trois dossiers majeurs – le voisinage immédiat, la Chine et les grandes négociations multilatérales.
Si les relations de l’Inde avec l’Asie orientale, le Moyen- Orient, la Russie et l’Europe sont aussi évoquées, on regrettera que celles avec l’Afrique et l’Asie centrale manquent au tableau. Par ailleurs, le choix de traiter la Russie et l’Union européenne (UE) en un même chapitre, au motif que leurs relations avec l’Inde sont sur le déclin, s’avère discutable. Concernant l’Asie du Sud, l’auteur rappelle judicieusement que l’incapacité de l’Inde à pacifier ses relations avec ses voisins constitue la principale faiblesse de sa politique extérieure. En l’occurrence, New Delhi n’a pas d’autre choix que de « convaincre ses voisins que l’Inde est une opportunité, pas une menace ». Si les difficultés de l’Inde en Asie du Sud sont finement analysées, la relation conflictuelle avec le Pakistan mériterait, elle, d’être traitée plus en profondeur. L’affirmation, présentée dès l’introduction, selon laquelle « une guerre incontrôlée et de grande ampleur entre les deux pays est aujourd’hui moins probable que jamais » demanderait à être étayée, tant l’hostilité entre les deux États garde un caractère structurel.
Le meilleur de l’ouvrage se trouve dans le chapitre sur la diplomatie multilatérale indienne. En la matière, l’auteur constate une « prédilection grandissante de l’Inde pour la gouvernance mondiale par oligarchie », c’est-à-dire en coalition avec d’autres grands « émergents », comme cela a été le cas par exemple avec le groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) lors des négociations de la conférence de Copenhague sur le changement climatique en 2009. Autrement dit, l’Inde évite le « vrai multilatéralisme » et investit plutôt dans une diplomatie de club pour « comanager le système international au plan économique et, dans une moindre mesure, en matière de sécurité ». De surcroît, tout en se ralliant à cette diplomatie d’élites, l’Inde ne se montre en rien disposée à endosser des responsabilités internationales. D.M. Malone met ainsi en lumière le décalage entre les ambitions de la diplomatie indienne et la réalité de sa pratique, avant de conclure : « Alors que l’Inde a gagné en stature internationale, la transition de sa politique extérieure reste incomplète mais sa contribution est de plus en plus attendue. Il en est ainsi des manières à la table des grands. »
L’ouvrage, qui fourmille de détails et d’informations, repose sur un vaste corpus de sources secondaires dont la bibliographie rend largement compte au gré de ses 30 pages. Le propos, toujours clair, lui donne par ailleurs une qualité très didactique. Does the Elephant Dance? constitue donc une solide introduction générale pour ceux qui ne sont pas familiers des problématiques extérieures indiennes, tout en fournissant aux spécialistes une mine d’informations à laquelle se référer.

Isabelle Saint-Mézard

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Asia’s Space Race

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012). Christophe Venet, chercheur associé au programme Espace de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de James Clay Moltz, Asia’s Space Race: National Motivations, Regional Rivalries, and International Risks (New York, Columbia University Press, 2011, 288 pages).

Le 13 avril 2012, la Corée du Nord tentait pour la troisième fois de mettre un satellite en orbite. Si l’essai s’est soldé par un nouvel échec, après ceux de 1998 et de 2009, l’événement a jeté une lumière crue sur les liens entre les programmes spatiaux nationaux et les jeux de puissance régionaux en Asie. C’est à l’analyse de ce cocktail potentiellement détonnant que s’attelle James Clay Moltz.
La thèse principale de l’ouvrage est que la compétition croissante entre les programmes spatiaux nationaux en Asie a débouché non pas sur une mais sur plusieurs courses à l’espace, qui se déroulent en parallèle : entre la Chine et l’Inde, entre les deux Corées ou encore entre le Japon et la Chine. Pour l’auteur, le potentiel déstabilisateur de ces interactions dépasse largement les risques encourus lors de la course à l’espace entre les États-Unis et l’Union soviétique, en raison de l’augmentation substantielle du nombre d’acteurs par rapport à la période de la guerre froide mais aussi du caractère foncièrement unilatéral – voire nationaliste – des efforts spatiaux asiatiques. L’ambition de J.C. Moltz est d’expliquer l’origine de ces courses à l’espace, pour mieux identifier les mécanismes politiques qui permettraient d’apaiser ces rivalités spatiales.
Son grand mérite est d’intégrer dans l’analyse les facteurs nationaux, régionaux et internationaux de manière cohérente. Il se distingue ainsi des nombreuses monographies qui ont été consacrées aux puissances spatiales asiatiques – principalement à la Chine et au Japon – en ajoutant deux dimensions essentielles : une perspective comparatiste et une profondeur historique panasiatique. De fait, l’ouvrage se penche en détail sur les programmes spatiaux des quatre grands d’Asie – Chine, Japon, Inde, Corée du Sud – mais aussi sur l’émergence de puissances spatiales de moindre acabit, de l’Australie au Vietnam en passant par la Malaisie, la Thaïlande ou les Philippines.
Si l’auteur identifie certaines régularités à l’échelle régionale – notamment au travers du concept de late developer, qui explique le développement rapide des puissances spatiales asiatiques par leur accès à des technologies éprouvées par les pionniers (États-Unis, Union soviétique/ Russie, Europe) –, il insiste aussi sur les spécificités nationales. Ainsi, les orientations pacifistes du Japon ou la Révolution culturelle en Chine ont fortement influencé leurs programmes spatiaux respectifs. De même, l’ouvrage met en lumière les ramifications internationales des courses à l’espace en Asie. Les puissances spatiales établies, au premier rang desquelles les États- Unis, jouent en effet un rôle essentiel dans l’exacerbation ou l’apaisement des rivalités spatiales dans la région, en favorisant ou non les coopérations spatiales internationales.
La thèse libérale – l’interdépendance politique et économique favorise la résolution pacifique des conflits – constitue clairement le fil rouge de l’ouvrage de J.C. Moltz. Si son application au cas de l’Asie spatiale aurait mérité quelques approfondissements théoriques, l’ensemble reste très convaincant, allant bien au-delà des justifications généralement avancées pour expliquer l’émergence rapide de puissances spatiales en Asie.

Christophe Venet

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