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Politique étrangère 3/2012 est sorti !

Au menu : deux dossiers consacrés à l’Iran et à l’Europe centrale, suivis d’articles sur la Syrie, l’Égypte, la Libye, l’élection présidentielle américaine…
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Nos lecteurs ont participé à un vote populaire sur Facebook et ont choisi un des deux articles mis en ligne gratuitement, qui sont les suivants :
« Nucléaire iranien : que sait-on ? » par Dina Esfandiary
« Guerre civile en Syrie : le retour du refoulé » par Isabelle Feuertoss

Nucléaire iranien : que sait-on ?

À lire ci-dessous : l’article de Dina Esfandiary, « Nucléaire iranien : que sait-on ? », paru dans Politique étrangère 3/2012 (dossier « Où va l’Iran ? »).
Dina Esfandiary est expert sur l’Iran et responsable de projet au sein du Programme de non-prolifération et de désarmement de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Londres.
Disponible ici en français. 

Here are the first few paragraphs of Dina Esfandiary’s paper on « Iran’s Nuclear Power : What Do We Know? », published in Politique étrangère 3/2012.
Dina Esfandiary is a research associate and project coordinator at the International Institute for Strategic Studies (IISS), where she focuses on Iran and nuclear proliferation.
Click here to download a full PDF version of the text in English.

Lentement mais sûrement, le programme nucléaire iranien se construit sous le regard suspicieux de la communauté internationale, d’autant plus désireuse d’une solution rapide que des découvertes troublantes viennent régulièrement renforcer son inquiétude. Elle reste cependant divisée quant aux intentions supposées de l’Iran : la République islamique est-elle réellement déterminée à fabriquer l’arme nucléaire ? Ou cherche-t-elle simplement à atteindre un potentiel nucléaire, le seuil technologique qui lui permettra d’assembler une bombe, rapidement si nécessaire ?

Obama’s Diplomacy with Iran

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012). Clément Therme propose une analyse de l’ouvrage de Trita Parsi, A Single Roll of the Dice: Obama’s Diplomacy with Iran (New Haven, CO et Londres, Yale University Press, 2012, 304 pages).

Cet ouvrage propose un éclairage novateur sur la diplomatie iranienne de Barack Obama. L’auteur est universitaire et président du National Iranian American Council (NIAC), organisation qui vise à défendre les intérêts de la communauté iranienne aux États-Unis. Il défend ici la thèse selon laquelle l’administration Obama n’a pas suivi la voie diplomatique jusqu’à son épuisement. Pour lui, les sanctions ne devraient être que le moyen périphérique d’une stratégie construite autour de l’impérieuse nécessité du dialogue pour sortir de l’impasse. Il insiste sur l’absence d’alternative à la voie diplomatique pour résoudre la question nucléaire iranienne.
Par ailleurs, l’auteur décrypte les différents canaux diplomatiques utilisés pour tenter de résoudre le différend entre l’Iran et la « communauté internationale ». Le récit ne se limite pas à un compte rendu des négociations bilatérales irano-américaines ou entre l’Iran et le groupe des 5 + 1 (les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne). Les négociations conduites entre l’Iran, la Turquie et le Brésil, qui ont abouti à l’adoption de la déclaration de Téhéran en mai 2010, sont également étudiées. La partie consacrée à la stratégie du Brésil de Luiz Inacio Lula da Silva sur le dossier nucléaire iranien permet de comprendre les motivations profondes de la diplomatie brésilienne : il s’agit d’user du dossier nucléaire iranien pour parvenir à la mise en place d’un ordre international plus démocratique, selon la terminologie diplomatique brésilienne.
De plus, l’auteur étudie minutieusement les rapports entre l’administration Obama et l’Union européenne (UE), avec une attention particulière apportée à la diplomatie française. À cet égard, il souligne que, si la majorité des États européens soutiennent la politique d’ouverture d’Obama vis-à-vis de l’Iran, Paris a dès le début manifesté ses doutes quant à la pertinence d’une telle stratégie. La France craignait alors qu’un assouplissement de la position américaine soit dommageable pour la réussite d’une diplomatie maintenant une approche équilibrée et combinant dialogue et sanctions. Ces réticences françaises s’expliquent, selon l’auteur, par la proximité entre Nicolas Sarkozy et George W. Bush sur la question nucléaire iranienne. Il était donc logique que la mise en œuvre par Washington d’une nouvelle politique pour sortir de l’impasse diplomatique soit désapprouvée par Paris.
Cet ouvrage s’adresse à un large public et mérite d’être lu avec attention. Il se fonde sur des sources de première main, avec de nombreux entretiens avec des négociateurs américains, européens et iraniens, ce qui lui permet de mettre en lumière différentes perspectives sur les processus de négociation. L’auteur rend compte des positions des pays arabes et d’Israël mais aussi de la Russie sur ce dossier. Enfin, il note que les réalités politiques internes iraniennes et américaines sont essentielles pour expliquer les échecs de ces négociations. En Iran, les fractures politiques internes nées d’une élection présidentielle contestée et, aux États- Unis, les pressions du Congrès sur Obama ne contribuent guère au rétablissement de la confiance entre les parties, une confiance pourtant indispensable à une résolution diplomatique de la crise.

Clément Therme

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Le programme nucléaire iranien

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2012). Clément Therme propose une analyse de l’ouvrage de Bryan T. Hamilton, Taming Tehran: An Analysis of US Policies Targeting Iran’s Nuclear Program (Sarrebruck, Lambert Academic Publishing, 2011, 104 pages).

L’auteur poursuit un double objectif : développer une analyse rigoureuse des ambitions nucléaires iraniennes et proposer une alternative à la politique de sanctions et de menaces poursuivie par Washington afin de circonscrire les progrès nucléaires de l’Iran. Bryan T. Hamilton rejette les arguments contestant la rationalité économique du programme nucléaire, fondés sur l’hypothèse d’une contradiction entre la possession de réserves en hydrocarbures et la production d’électricité nucléaire. Cette défense du programme nucléaire iranien est pertinente, même si l’auteur ne mentionne pas le risque environnemental consécutif à la mise en service de la centrale de Bouchehr en août 2010.
Depuis 1979, l’élément structurant du comportement diplomatique américain est le déni d’accès de l’Iran aux technologies nucléaires. Dès 1982, l’administration Reagan décide de mettre en place un embargo sur l’exportation des technologies nucléaires vers l’Iran. L’administration Bush poursuit la politique initiée en 1982 avec l’interdiction de l’exportation des technologies de double usage (civil et militaire) vers l’Iran à partir de 1990. Le président Clinton apparaît comme celui qui clarifie la stratégie iranienne de Washington. Il affirme ouvertement que l’Iran ne peut avoir de relations commerciales normales tout en développant un programme d’armes de destruction massive (ADM). Cette politique du dual containment (Irak et Iran) a un coût économique élevé et ne permet pas d’empêcher que d’autres États soutiennent le programme nucléaire iranien (Russie, Chine, Afrique du Sud, Autriche et Ukraine). Aussi l’accélération des progrès nucléaires de l’Iran pendant l’administration Clinton se poursuit-elle sous l’administration Bush Jr. malgré le renforcement de la politique de sanctions unilatérales et les velléités d’isolement de l’Iran.
Concernant la stratégie iranienne d’Obama, il est nécessaire, selon l’auteur, d’éviter de légitimer le président Mahmoud Ahmadinejad par la confrontation : il faut répondre aux besoins sécuritaires et économiques de l’Iran pour endiguer son programme nucléaire. Pour ce faire, l’auteur propose une levée unilatérale des sanctions américaines, qui permettrait de responsabiliser le gouvernement iranien face à sa propre population quant à la détérioration des conditions économiques. Il propose que la diplomatie américaine reconnaisse le droit de l’Iran à posséder une capacité technologique nucléaire et la rationalité économique du programme nucléaire. Pour leur part, les Iraniens devraient alors faire preuve d’une transparence totale et répondre aux questions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur leurs activités nucléaires passées.
L’auteur reconnaît que la finalité du programme nucléaire iranien est probablement la capacité d’assembler une arme nucléaire dans un délai de 30 à 90 jours. Mais à partir du constat de l’échec de la stratégie d’isolement et de sanctions des États-Unis, il propose une nouvelle stratégie diplomatique, selon lui plus efficace. D’aucuns n’hésiteront pas à qualifier de naïve la solution proposée, fondée sur l’intérêt des deux parties à coopérer, en particulier dans le secteur des hydrocarbures. Son principal mérite est pourtant d’ouvrir une nouvelle voie permettant de sortir la question nucléaire iranienne de l’impasse diplomatique.

Clément Therme

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