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Or noir. La grande histoire du pétrole

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Julien Brault propose une analyse de l’ouvrage de Matthieu Auzanneau, Or noir. La grande histoire du pétrole (Paris, La Découverte, 2015, 718 pages).

Or noir_AuzanneauL’auteur analyse l’histoire du XXe siècle à travers celle du pétrole. Celui-ci est d’abord le produit de sociétés militarisées fondées sur la guerre mécanisée – la guerre de Sécession, la Première Guerre mondiale, le Blitzkrieg vu comme une gestion optimisée de l’énergie, jusqu’à l’usage du napalm au Vietnam. L’industrie pétrolière apparaît ainsi dans cet ouvrage comme un système monopolistique, coercitif et corrompu créé par les Rockfeller. Sauveurs du système financier américain à la fin du XIXe siècle, artisans de la création de la Fed, se présentant comme les grands défenseurs d’un système néolibéral dont ils seraient la banque, ceux-ci auraient orchestré une transformation du capitalisme en corporatisme. S’alliant successivement avec le charbon, le chemin de fer, l’automobile, l’agriculture, l’ingénierie, la banque, le fisc, la science et notamment la science économique, ce cartel international aux multiples ramifications connaîtrait depuis 1989 un renouveau, incarné notamment par JPMorgan et Citigroup. L’auteur souligne, à l’inverse, le rôle des figures qui combatirent Big Oil, de l’essor du Staline de la Bakou pétrolière aux luttes de Kennedy contre les majors.

La politique étrangère de l’Algérie : le temps de l’aventure

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’automne 2015 de Politique étrangère que vous avez choisi : « La politique étrangère de l’Algérie : le temps de l’aventure ? », par Jean-François Daguzan.

PE 3-2015_CouvertureLongtemps, la politique étrangère algérienne est allée de son train de sénateur. Définie dès les premières années de l’indépendance et marquée par la guerre de libération, la politique étrangère du jeune État s’est caractérisée par l’énoncé d’un ensemble de dogmes dont les gouvernements successifs ne sortirent jamais vraiment. Elle dut bien prendre en compte la fin des blocs et les désillusions de l’après-décolonisation, mais sans jamais se défaire tout à fait des habits d’un certain un âge d’or. La diplomatie fut si importante pendant la période Boumediene qu’elle favorisa l’émergence de diplomates de grande qualité qui furent très actifs dans les organisations internationales. Cette politique étrangère suit un fil rouge : Abdelaziz Bouteflika.

Le Piège Daech

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (2/2015). Myriam Benraad, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM, CNRS), propose une analyse croisée de deux ouvrages : celui de Pierre-Jean Luizard, Le Piège Daech. L’État islamique ou le retour de l’Histoire (Paris, La Découverte, 2015, 187 pages) et celui de Patrick Cockburn, Le Retour des Djihadistes. Aux racines de l’État islamique (Paris, Équateurs, 2014, 174 pages).

Piege DaechDans l’abondance d’essais, de récits et de témoignages récemment publiés autour de l’État islamique[1], les ouvrages de Pierre-Jean Luizard et Patrick Cockburn sont particulièrement bienvenus. Rédigés par le spécialiste de l’Irak le plus reconnu de sa génération en France pour le premier, et par un journaliste intimement familier des crises qui déchirent le Moyen-Orient depuis déjà plusieurs décennies pour le second, ils se distinguent par leur sérieux et la rigueur de leur démonstration. Les approches du phénomène djihadiste proposées par ces deux auteurs se complètent : tandis que Luizard illustre, à travers son argumentaire, en quoi l’Occident est tombé dans le « piège Daech », fruit du « retour de l’Histoire » selon lui, Cockburn met en avant la duplicité de ce même Occident qui a longtemps soutenu – et continue à soutenir – des puissances régionales étroitement liées à la mouvance radicale.

Géopolitique de la démocratisation. L’Europe et ses voisinages

Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (2/2015). Jean-Arnault Dérens propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Jacques Rupnik, Géopolitique de la démocratisation. L’Europe et ses voisinages (Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 331 pages).

Géopolitique de la démocratisationCe livre, qui recueille de stimulantes études de cas, des Balkans au Caucase en passant par la Moldavie, part du constat que l’Union européenne traverse aujourd’hui une crise majeure : « une crise de confiance interne vis-à-vis de son projet et une crise externe marquée par la déstabilisation simultanée de ses voisinages à l’est comme au sud », comme le note Jacques Rupnik dans son introduction. Cependant, malgré les intéressantes approches comparatives que ce livre suggère, il n’engage pas de réflexion sur les causes de cette double crise.

Alors que l’objectif de paix est au cœur du projet européen, l’UE, pourtant lauréate en 2012 du Prix Nobel de la paix, ne sort pas d’une contradiction manifeste depuis le début des années 1990. Si elle peut effectivement se targuer d’avoir neutralisé les guerres sur son territoire, elle s’accommode toujours d’une dangereuse conflictualité à ses confins – hier dans les Balkans, aujourd’hui en Ukraine, au Sahel ou au Proche-Orient.

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