Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’automne 2015 de Politique étrangère que vous avez choisi : « La politique étrangère de l’Algérie : le temps de l’aventure ? », par Jean-François Daguzan.

PE 3-2015_CouvertureLongtemps, la politique étrangère algérienne est allée de son train de sénateur. Définie dès les premières années de l’indépendance et marquée par la guerre de libération, la politique étrangère du jeune État s’est caractérisée par l’énoncé d’un ensemble de dogmes dont les gouvernements successifs ne sortirent jamais vraiment. Elle dut bien prendre en compte la fin des blocs et les désillusions de l’après-décolonisation, mais sans jamais se défaire tout à fait des habits d’un certain un âge d’or. La diplomatie fut si importante pendant la période Boumediene qu’elle favorisa l’émergence de diplomates de grande qualité qui furent très actifs dans les organisations internationales. Cette politique étrangère suit un fil rouge : Abdelaziz Bouteflika.

Dès avant l’indépendance, l’actuel président est présent dans les processus de décision : il sera le ministre des Affaires étrangères de Boumediene, et après une éclipse sous Chadli Bendjedid et la transition de la guerre civile, il revient en tant que président et imprime quasiment seul sa marque sur la politique étrangère – jusqu’à ce que la maladie vienne freiner son action. À partir de 1999, Bouteflika n’a de cesse de restaurer l’image de l’Algérie ternie par les années de plomb et il la désenclave politiquement[1]. Mais cette relance va être conduite dans le cadre théorique d’une diplomatie construite par la lutte pour l’indépendance et par les années Boumediene. Les principes définis sous son leadership, et qui sous-tendent encore aujourd’hui la politique extérieure algérienne, sont les suivants : soutien à la décolonisation, non-intervention au-delà des frontières, coopération et multilatéralisme, libération de la Palestine ; Sahara occidental[2].

Aujourd’hui, les printemps arabes et leur cortège de déstabilisations, la mondialisation économique et la crise économique et financière (qui fut un des catalyseurs de la révolte), ont balayé les certitudes. L’Europe, qui paraissait une force en marche, est désormais désorientée. Enfin, la crise libyenne a mis le feu aux confins sahéliens. Tout oblige désormais l’Algérie à une redéfinition de ses choix stratégiques.

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[1]. A. Boukhars, « Algerian Foreign Policy in the Context of the Arab Spring », Carnegie Endowment for International Peace, 14 janvier 2013, disponible sur : <http//carnegieenddowment.org/2013/01/14/algerian-foreign-policy-in-context-of-arab-spring/f1xf>, p. 3.

[2]. Voir l’ouvrage fondateur de N. Grimaud : La Politique étrangère de l’Algérie, Paris, Khartala, 1984.

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