Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (3/2015). Yves Gounin propose une analyse de l’ouvrage de Soraya Sidani, Intégration et déviance au sein du système international (Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 200 pages).
L’espace mondial n’est pas – ou pas seulement – une arène où s’affrontent des puissances. Cette grille de lecture réaliste ne suffit plus dans le monde de l’après-guerre froide. D’autres approches qui analysent les relations internationales avec les outils de la sociologie sont nécessaires.
Soraya Sidani interroge la marginalisation des États à partir de l’analyse des ratifications des quelque 317 conventions multilatérales enregistrées au siège des Nations unies entre 1945 et 2014. Elle en tire un classement des États par niveau de ratification, depuis les Pays-Bas qui arrivent en tête avec 214 conventions ratifiées jusqu’au Soudan du Sud, 193e avec 8 conventions ratifiées seulement.
« Dans une région secouée par des guerres sans fin, au milieu d’un chaos généralisé, le Maroc et l’Algérie semblent relativement épargnés. Pour combien de temps encore alors que l’environnement international risque de remettre en cause ce calme relatif : chute des prix du pétrole, baisse de la rente entraînant une dislocation du tissu social, mettant à nu le fonctionnement du système : structures politiques opaques, clientélisme corruption, faisant le lit d’une islamisation rampante et un chaos extérieur explosif (Sahel, Tunisie, Lybie). Le dossier de Politique étrangère donne un éclairage percutant de l’ensemble de ces questions.
« On parle souvent du « système international » sans vraiment le définir, de la « communauté internationale » en en faisant un tout, de la « société internationale » en en faisant un fourre-tout, de l’« ordre international » en cachant le désordre international, pourtant si manifeste. »
L’ampleur de l’œuvre de Raymond Aron a toujours fait le désespoir de ses commentateurs – et de ses disciples. On peut s’attendre à la publication de divers textes inédits ; néanmoins, hélas, cette œuvre est désormais achevée. Ce qui devrait permettre d’étudier enfin, en profondeur, la contribution scientifique qu’elle a apportée – de séparer en quelque sorte les deux activités que Raymond Aron a menées de concert et a souvent entremêlées : l’activité proprement journalistique, commentaires d’une actualité qu’il se sentait le devoir d’élucider et d’interpréter, et l’activité du théoricien, philosophe de l’histoire, sociologue des sociétés contemporaines, ou critique de la pensée politique et sociale des grands auteurs.
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