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Les conséquences du Brexit : trois questions à Vivien Pertusot

Auteur de l’article « Brexit : les risques du référendum » paru dans le numéro de printemps 2016 de Politique étrangère (1/2016), Vivien Pertusot, responsable du bureau de l’Ifri à Bruxelles, répond à trois questions en exclusivité pour politique-etrangere.com.

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1) Comment expliquer ce vote en faveur du Brexit ?

Le Brexit s’est joué autour de deux questions : le vote anglais et le vote des jeunes. L’Angleterre a largement voté en faveur du Brexit : 15,1 millions d’Anglais ont voté « Leave », tandis que 16,2 millions de Britanniques ont voté « Remain ». Le vote « Remain » doit beaucoup aux votes écossais et londoniens. Toutefois, l’élément déterminant concerne le taux de participation. Celui-ci s’est avéré insuffisant dans les régions pro-maintien. Ainsi, il était inférieur à la participation nationale (72,2 %) dans 23 des 33 circonscriptions londoniennes et a été cinq points inférieurs en Écosse. À l’inverse, le Sud-Est et le Sud-Ouest, majoritairement favorables au « Brexit », ont voté à plus de 76 %.

Le vote des jeunes a également été décisif. Au Royaume-Uni, comme ailleurs, la propension à aller voter évolue avec l’âge. De manière proportionnellement inverse, la tendance au maintien dans l’UE diminue avec l’âge. L’argument selon lequel ce référendum concerne l’avenir des jeunes, aussi rationnel soit-il, a eu l’effet d’un prêche dans le désert. Certaines données sont alarmantes : seuls 38 % des 18-24 ans (pourtant favorables à plus de 70 % au maintien) auraient voté.

2) Quelles crises politiques se dessinent au Royaume-Uni ?

Les partis politiques sont divisés. Les Tories sans surprise, même s’il est possible que la démission de David Cameron d’ici le mois d’octobre permette d’éviter des luttes intestines trop violentes. Cela n’empêchera pas le parti de traverser d’incroyables turbulences. Le prochain leader, et Premier ministre, aura une tâche ardue. Comme précisé dans mon article paru dans Politique étrangère, il ne faut pas négliger l’impact sur les Travaillistes. Le leadership de Jeremy Corbin n’était pas absolu et les démissions en cascade depuis les résultats le confirment : le parti va traverser une période de déchirures internes. Il sort plus affaibli par ce résultat que le parti conservateur.

Reste l’intégrité du Royaume-Uni. La First Minister écossaise Nicola Sturgeon brandit déjà l’hypothèse d’un nouveau référendum sur l’indépendance. Il n’est toutefois pas certain que Londres donne son accord immédiatement à un nouveau référendum : le contexte économique est très défavorable à une indépendance écossaise (la livre et le prix du pétrole sont faibles) et ce serait un vrai risque pour les indépendantistes de précipiter l’affaire. Une réunification de l’Irlande revient à l’ordre du jour, mais le débat est marginal et loin d’être mûr.

 3) Quelles conséquences pour l’Union européenne ?

Il est bien difficile de savoir à ce jour comment le reste des 27 États membres va appréhender le « Brexit ». Le résultat a provoqué un torrent de déclarations et de gesticulations politiques. Relance pour les uns, exemple à suivre pour les autres, temps de réflexion pour d’autres encore… Le risque est de vouloir se précipiter vers une solution qui semble toute prête : intégrer davantage dans certains domaines, quitte à le faire dans un petit groupe. Il est évident qu’il faut réagir, mais la portée du Brexit est telle qu’il pourrait être contreproductif de mettre hâtivement en œuvre des décisions mal pensées et mal expliquées. Le temps des grands projets viendra, mais il doit être préparé. Toute crise ne doit pas automatiquement et immédiatement conduire à plus d’intégration. Seule une vraie réflexion, probablement longue et pénible, peut amener à cette conclusion.

Brexit : finally out !

Suite aux résultats du référendum britannique, nous vous proposons de relire l’article de Vivien Pertusot, « Brexit : les risques du référendum » publié dans Politique étrangère (n°1/2016), ainsi que le dossier « Le Royaume-Uni et l’Europe : in or out ? » publié dans Politique étrangère (n°1/2015).

hqdefault« À l’évocation de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, le titre de l’ouvrage de Stephen George Awkward partner (« partenaire embarrassant ») vient à l’esprit. Cette relation est le fruit d’une incompréhension entretenue, désormais bien ancrée et jamais réellement combattue au Royaume-Uni. Pourtant, elle recouvre une complexité que l’on ne peut occulter. Les Britanniques restent moteurs sur certains dossiers européens, dont le marché intérieur et le développement. Ils sont un utile mouton noir derrière lequel se cacher. Par ailleurs, la marginalisation croissante du pays n’est pas imputable à Londres seul. Ses partenaires européens se sont progressivement désintéressés du Royaume-Uni et se sont accordés sur une série de mécanismes intégrationnistes dont il ne fait pas partie.

C’est dans ce contexte peu lisible de l’étranger que va se tenir le référendum. Le Premier ministre britannique David Cameron a promis de le tenir avant la fin de l’année 2017. À l’heure où ces lignes sont écrites, les contours d’un accord se dessinent dans les négociations menées entre les 27 états membres et Londres ainsi donc que la tenue prochaine du vote.

Le débat britannique sur le Brexit et le référendum à venir incitent à s’interroger sur quatre risques. Le premier est la possibilité bien réelle d’une une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le deuxième est lié au fait que le résultat du référendum ne marquera pas la fin du débat outre-Manche sur l’UE, et pourrait même engendrer un climat politique chaotique. Le troisième renvoie à la cohésion de plus en plus fragile du Royaume-Uni. Enfin, le quatrième risque touche à l’attitude du reste de l’Union qui, trop pressée d’en finir avec cet épisode, pourrait ne pas justement mesurer les conséquences du maintien, ou la sortie, du Royaume-Uni.

Brexit : les risques du référendum

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro de printemps 2016 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Brexit : les risques du référendum », par Vivien Pertusot.

Couv PE1-2016_plat I_Page_1À l’évocation de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, le titre de l’ouvrage de Stephen George Awkward partner (« partenaire embarrassant ») vient à l’esprit. Cette relation est le fruit d’une incompréhension entretenue, désormais bien ancrée et jamais réellement combattue au Royaume-Uni. Pourtant, elle recouvre une complexité que l’on ne peut occulter. Les Britanniques restent moteurs sur certains dossiers européens, dont le marché intérieur et le développement. Ils sont un utile mouton noir derrière lequel se cacher. Par ailleurs, la marginalisation croissante du pays n’est pas imputable à Londres seul. Ses partenaires européens se sont progressivement désintéressés du Royaume-Uni et se sont accordés sur une série de mécanismes intégrationnistes dont il ne fait pas partie.

C’est dans ce contexte peu lisible de l’étranger que va se tenir le référendum. Le Premier ministre britannique David Cameron a promis de le tenir avant la fin de l’année 2017. À l’heure où ces lignes sont écrites, les contours d’un accord se dessinent dans les négociations menées entre les 27 états membres et Londres ainsi donc que la tenue prochaine du vote.

Europe : le cas du patient anglais

Nous avons le plaisir de vous offrir l’article d’Alain Lamassoure paru dans le dossier « Le Royaume-Uni et l’Europe : in or out ? » du numéro de printemps 2015 de Politique étrangère.

Cover_1-2015Pourquoi donc l’Europe est-elle devenue le seul sujet qui fasse perdre aux Anglais leur humour légendaire ?

Le malentendu originel

Il faudrait les talents réunis de William Shakespeare et de Molière, ou ceux d’Oscar Wilde et de Georges Feydeau pour décrire le vaudeville des relations entre le Royaume-Uni et le continent depuis le discours fondateur de Robert Schuman, le 9 mai 1950. Quand le très  anglophile Jean Monnet l’y invite, Londres rejette les avances du pool charbon-acier, puis celles du Marché commun, et suscite même la création d’une organisation rivale. Quand, pragmatique, le Royaume-Uni reconnaît ensuite son échec et frappe à la porte de Bruxelles, de Gaulle lui claque celle-ci au nez. Deux fois. À peine les Anglais sont-ils enfin entrés qu’une nouvelle majorité est élue à Westminster sur le projet d’un référendum de sortie de la Communauté économique européenne (CEE) : dans sa sagesse, le peuple britannique rejette cette première tentative de Brexit. Continuer la lecture sur Cairn.info.

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