Après un nouveau tir de missile balistique nord-coréen, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans ce contexte, nous vous proposons de lire en avant-première l’article d’Antoine Bondaz, « Corée du Nord/États-Unis : jusqu’où ira la confrontation ? », à paraître dans le numéro d’hiver 2017-2018 de Politique étrangère (en librairie le 6 décembre).

Le 30 juin 2017, le président Trump tweetait : « L’ère de la patience stratégique avec le régime de la Corée du Nord a échoué. Cette patience est terminée. » Il critiquait ainsi la stratégie de son prédécesseur. Les stratégies visant un « démantèlement complet, vérifiable et irréversible » du programme nucléaire nord-coréen, qu’elles soient basées sur les incitations ou les sanctions, qu’elles soient unilatérales ou multilatérales – comme les pourparlers à six qui ont été menés de 2003 à 2009 – ont toutes échoué. La nucléarisation de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) représente un sérieux échec pour la communauté internationale, et notamment pour les États-Unis, dont l’ancien président Clinton affirmait, dès 1993, que Pyongyang «ne [pouvait] pas être autorisé à développer une arme atomique ».

Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le régime nord-coréen a testé pour la première fois des missiles balistiques à portée intermédiaire (Hwasong-12) et intercontinentale (Hwasong-14) pouvant théoriquement frapper l’île de Guam et le continent américain. Il a fait exploser une bombe nucléaire d’au moins 100 kilotonnes en septembre 2017, et a menacé de réaliser un essai nucléaire dans le Pacifique depuis un missile balistique, ce qui constituerait le premier essai nucléaire atmosphérique depuis 1980. De nombreuses questions se posent également sur les conséquences de la possession de telles armes nucléaires et des vecteurs associés, notamment en termes de posture vis-à-vis de la Corée du Sud.

Devant ces essais et les déclarations nord-coréennes, le président Trump a multiplié les sorties médiatiques conduisant à une escalade verbale avec le régime nord-coréen. Certaines déclarations ont été maladroites et peu diplomatiques. Elles rappellent néanmoins l’importance de la dissuasion américaine. Lors du discours controversé devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), Donald Trump a par exemple affirmé : « Si nous sommes obligés de nous défendre ou de défendre nos alliés, nous n’aurons d’autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord. » D’autres formules laissent sous-entendre une possible intervention militaire américaine, à l’instar du « feu et de la fureur » auxquels s’exposerait la RPDC si elle continuait à « proférer davantage de menaces envers les États-Unis », ou semblent établir une ligne rouge comme ce tweet du 3 janvier 2017 affirmant que « la Corée du Nord a déclaré qu’elle était dans les dernières étapes du développement d’une arme nucléaire capable d’atteindre une partie des États-Unis. Cela n’arrivera pas ! ».

En dépit de la rhétorique du président américain, la stratégie mise en œuvre par l’administration Trump vise à imposer une pression maximale sur le régime nord-coréen afin de le ramener à la table des négociations, tout en évitant pour l’heure une solution militaire dont le coût politique, humain et économique serait considérable. Le risque principal est cependant celui d’une erreur d’appréciation, d’un côté comme de l’autre, notamment lors d’exercices militaires, ou d’un incident militaire, susceptible de conduire à un conflit qui n’est manifestement dans l’intérêt d’aucune des deux parties.

La radicalisation de la position nord-coréenne sur les armes nucléaires

La RPDC, malgré la nature opaque de son régime, est prévisible. Depuis plus de 20 ans, le pays a défié les efforts de la communauté internationale. Il est resté intransigeant dans son objectif de développement d’armes nucléaires et des vecteurs associés. Il s’est retiré du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 2003, a déclaré en février 2005 avoir fabriqué des armes nucléaires, a révélé la construction d’une installation d’enrichissement d’uranium en 2010, a redémarré le réacteur de Yongbyon en 2015 et, surtout, a conduit six essais nucléaires entre 2006 et 2017. Ces essais nucléaires sont les seuls à avoir été menés à bien depuis le début du XXIe siècle.

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