Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (1/2014). Romain Fathi propose une analyse de l’ouvrage de Peter Hart, The Great War: 1914-1918 , (Londres, Profile Books, 2013, 544 pages).

great warÀ l’approche du centenaire de la Grande Guerre, Peter Hart, de l’Imperial War Museum, nous livre une nouvelle somme d’histoire militaire. Rien de nouveau sur le fond, et finalement peu d’incursions dans l’historiographie du conflit, mais au total un bel effort de synthèse. The Great War n’est assurément pas une publication universitaire et ne se revendique pas comme telle. Des notes de fin d’ouvrage et une bibliographie minimalistes, ainsi qu’un ton direct, indiquent la cible grand public privilégiée par l’auteur, comme à son habitude. Certaines de ses publications antérieures ont d’ailleurs constitué un réservoir important pour le présent ouvrage[1]. Pourtant, le volume n’est pas dénué d’intérêt pour ceux qui souhaiteraient rafraîchir leurs connaissances sur l’histoire militaire du conflit à l’aube d’un déferlement commémoratif déjà amorcé.

The Great War s’ouvre sur un chapitre aux penchants parfois téléologiques sur les origines du conflit et se clôt par la victoire alliée sur le front ouest en novembre 1918. Entre-temps, le lecteur aura le loisir de parcourir tous les « fronts » de la Grande Guerre, de la Mésopotamie au Pacifique, aux fronts de l’Est, et tous les espaces du conflit, sur et sous terre, sur mer et dans les airs. L’auteur fait preuve d’une certaine érudition et d’une capacité de synthèse impressionnante.

Les chapitres du livre correspondent aux espaces géographiques de la guerre (le front ouest, est, d’Orient, les Dardanelles, la Palestine, etc.), un modèle déjà éprouvé, et proposent un récapitulatif éclairé des campagnes, des acteurs et des enjeux. Ce découpage spatio-temporel ne nuit en rien à la lecture et facilite la compréhension du conflit dans sa dimension globale.

Peter Hart développe une analyse intéressante sur les engagements britanniques en Palestine, au Sinaï et en Mésopotamie. L’auteur remet en question ces guerres dans la guerre qui, si elles répondaient aux ambitions impériales britanniques, consumèrent également un nombre colossal d’hommes et de matériel au détriment du front ouest, là où, d’après l’auteur, se jouait véritablement le sort de la Première Guerre mondiale. Les prises de Jérusalem et de Bagdad sont assimilées à des actes de vanité alors que les objectifs initiaux de ces campagnes, la sécurisation des voies de communication et d’approvisionnement, avaient déjà été remplis.

Abordée essentiellement d’un point de vue britannique, et l’auteur ne s’en cache pas, la Grande Guerre que nous montre Peter Hart est cependant trop souvent épique. Le lectorat visé oblige peut-être à l’entretien du rythme trépidant qui saisit le lecteur dès les premières pages. Pour ce faire, l’auteur entrecoupe son récit de « témoignages », souvent bien connus, de généraux et soldats, pour nous mettre au cœur des tranchées ou aux commandes d’un avion.

Lecture de synthèse et de rappel donc, qui suit les fronts, les évolutions d’armements et de stratégies en s’arrêtant dans le détail sur les épisodes britanniques importants de la guerre de 1914-1918 avec un goût certain pour l’anecdote.

Romain Fathi

S’abonner à Politique étrangère.

Acheter le numéro 1/2014 de Politique étrangère

 


[1]  Gallipoli, The Somme, Jutland 1916, Aces Falling: War above the Threnches, 1918, ou encore 1918. A Very British Victory.