Dans son édito du 24 novembre intitulé « L’Europe face à la réapparition des blessures Est-Ouest », Jacques-Hubert Rodier, éditorialiste diplomatique aux Échos, a mentionné un article écrit par Paul Gradvohl dans le dossier « Décompositions démocratiques » publié dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n° 1/2017).

« Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’effondrait. L’Europe se prenait à rêver de son unité de l’Atlantique à l’Oural, voire jusqu’à Vladivostok si « la maison commune » chère à
Mikhaïl Gorbatchev prenait corps. Vingt-huit ans après, l’Europe est fracturée non seulement entre les pays de l’Ouest et la Russie mais aussi à l’intérieur même de l’Union européenne, entre vieilles démocraties occidentales et anciennes démocraties populaires. « Après un quart de siècle, le monde réalise que la sécurité n’est pas assurée. L’Europe a peur de la Russie, et la Russie a peur de l’OTAN », affirmait récemment le fondateur du think tank berlinois Dialogue of Civilization (DOC), le Russe Vladimir Iakounine, considéré comme proche de Vladimir Poutine.

Fantasme ou réalité, cette « insécurité » n’a pas recréé une nouvelle guerre froide opposant deux blocs antagonistes. Mais elle a réveillé de vieilles rancœurs que l’on pensait éteintes. La Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie sont en train de faire une « contre-révolution culturelle aux relents vert-de-gris », note Paul Gradvohl, professeur à l’université de Lorraine.

Dans un pied de nez de l’histoire, ces quatre pays qui ont rejoint l’Union européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) expriment leur répulsion à l’égard du « diktat » de Bruxelles, comme l’exprime le Premier ministre hongrois, l’ultra-conservateur Viktor Orban. Ce rejet se traduit par un « choix nouveau : l’option pro-russe ou la reprise de conserve d’un discours sur Bruxelles l’identifiant à un centre supranational et dictatorial », ajoute encore Paul Gradvohl dans la revue Politique étrangère de l’Ifri (printemps 2017). Le Premier ministre hongrois, auquel on doit le concept de « démocratie illibérale », souligne un diplomate à Budapest, redoute que « Bruxelles [n’]impose de nouvelles règles ». Un sentiment largement partage à Varsovie par Jaroslav Kazcinsky, le leader du FiS qui dirige la Pologne, ou à Bratislava et à Prague.

Lisez la suite de l’article sur Les Échos.

Retrouvez l’article de Paul Gradvohl, « Orban ou le souverainisme obsidional », sur Cairn.info.