Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère
(n° 3/2019). Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage en deux tomes dirigé par Hervé Drévillon et Olivier Wieviorka (dir.), Histoire de la France. Tome I : Des Mérovingiens au Second Empire / Tome 2 : De 1870 à nos jours (Perrin/Ministère des Armées, 2018, 560 et 552 pages).
Cette nouvelle Histoire militaire de la France paraît 25 ans après celle dirigée par André Corvisier qui marquait un tournant : elle avait en effet participé à redonner crédibilité et légitimité à l’histoire militaire en la décloisonnant et en l’ouvrant aux dimensions sociales, politiques et culturelles. Hervé Drévillon, professeur d’histoire à l’université Paris 1 et directeur de la recherche au Service historique de la Défense (SHD), et Olivier Wieviorka, professeur à l’École normale supérieure de Paris-Saclay, ne se posent pas en opposition à mais en complémentarité avec l’ouvrage de Corvisier. Depuis les années 1990, l’historiographie a évolué et s’est particulièrement développée pour certaines périodes comme le XVIIe siècle ou la Première Guerre mondiale, qui a profité de l’abondante production liée à son centenaire.
En deux volumes et près de 1 100 pages, cette somme est l’œuvre, en plus de ses deux directeurs, de huit historiens figurant parmi les meilleurs spécialistes des époques étudiées. Le premier tome, s’ouvrant avec les Mérovingiens et se concluant en 1870, est découpé en six chapitres : Ve-XVe siècle (Xavier Hélary), 1450-1650 (Benjamin Deruelle), 1650-1789 et 1789-1795 (Hervé Drévillon), 1795-1815 (Bernard Gainot) et 1815-1870 (Annie Crépin). Le second tome, qui débute avec la guerre de 1870 et s’achève avec la période actuelle, est séquencé en cinq parties : 1870-1914 (Xavier Boniface), 1914-1918 (François Cochet), 1918-1945 (Olivier Wieviorka), 1945-1962 (Pierre Journoud) et 1962 à nos jours (Olivier Schmitt).
La longueur et la richesse de ces deux tomes font qu’il est impossible de les présenter ici en détail. On peut cependant dégager quelques lignes de force qui aideront le lecteur à dresser des perspectives historiques sur le temps long. Ainsi, l’importance de l’armée dans l’histoire du pays est évidente, surtout en période de guerre. Même en temps de paix, l’armée influe sur l’histoire nationale, notamment par la conscription ou les impôts. Autre thème récurrent du livre, celui du soldat-citoyen. Notion évidemment impropre au début de la période étudiée, on perçoit clairement son évolution avec l’affirmation d’un sentiment national qui apparaît avant la Révolution, s’affirme avec cette dernière et se renforce suite à l’adoption de la conscription. L’étude des structures militaires montre également que l’armée offre une certaine continuité au-delà des ruptures politiques. Les succès des guerres révolutionnaires sont révélés comme le résultat de réformes menées après la guerre de Sept Ans (1756-1763), voire sous Louis XIV. La nécessité pour l’institution militaire de s’adapter en permanence pour être efficace dans les guerres à venir est omniprésente au travers des innovations technologiques, mais aussi tactiques et organisationnelles. Enfin, la thématique de l’utilisation de l’armée sur le territoire national est abordée régulièrement et résonne particulièrement avec la situation actuelle.
Ces deux tomes sont clairement des ouvrages de référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire militaire et à l’histoire de France.
Rémy Hémez
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