Dans un article publié le 22 mars dans Le Monde, le journaliste Alain Beuve-Méry dédie sa chronique « La revue des revues » au n° 1/2024 de Politique étrangère, qui « interroge l’immobilité apparente du conflit entre Kiev et Moscou » et analyse « les leçons que cette guerre met au jour sur l’état des équilibres géopolitiques. »

La revue des revues. Quand la guerre devient vraiment la guerre… « En Ukraine, les fronts sanglants sont en attente », constate Dominique David, rédacteur en chef de Politique étrangère, qui introduit ce numéro trimestriel (printemps 2024, 232 pages, 23 euros) consacré au conflit sur le sol ukrainien, entré dans sa troisième année. Pour qu’un fait historique s’ancre dans les mémoires, celui-ci doit s’inscrire dans la durée. D’une guerre de mouvement en 2022 sur le sol ukrainien, nous sommes passés à une guerre de position en 2023, marquée par une « immobilisation quasi totale du front » à la fin de l’année, observent les spécialistes des enjeux militaires Yohann Michel, Olivier Schmitt et Élie Tenenbaum. Mais, d’après eux, « la guerre d’Ukraine se trouve moins dans une impasse que dans une phase de recharge » et ils prévoient un dénouement à l’horizon 2025-2026.

Les comparaisons historiques ont aussi fleuri avec la Première guerre mondiale, sur le plan militaire, et avec la conférence de Munich (en septembre 1938), sur le plan diplomatique. Alors qu’une certaine « fatigue européenne » du partenaire américain se fait sentir, Claude-France Arnould dresse un bilan positif de l’Alliance atlantique sur la sécurité commune : le rôle accru de l’OTAN s’accompagnant d’une prise de conscience militaire de l’UE. De même, l’expert polonais Lukasz Kulesa souligne la montée en puissance de la diplomatie des pays d’Europe centrale et orientale qui deviennent les partenaires les plus fiables d’Emmanuel Macron, dans un front du refus, face aux ambitions menaçantes de Poutine.

L’objectif de Moscou

Car, au fond, la question centrale demeure : que veut le maître du Kremlin, réélu avec un score soviétique ? Et surtout a-t-il les moyens de sa politique étrangère, dont la relégation du modèle occidental constitue le totem ? Dmitri Trenin, grand analyste de la politique étrangère russe, explique que l’objectif de Moscou est de lutter contre le « monde majoritaire » en s’appuyant sur les cent pays qui ont refusé de rejoindre les sanctions occidentales à son encontre. La Russie n’a aucune « idéologie de substitution », précise-t-il, mais entend que « chaque pays suive son chemin à l’intérieur de ses frontières ».

A noter deux articles sur la présence française en Afrique, l’un sur l’armée française au Sahel de la politiste Niagalé Bagayoko, l’autre titré « L’Afrique, miroir de nos peines ? » où l’ancien ministre Hervé Gaymard revient sur la meilleure manière de « vider les abcès » qui bloquent les relations de la France avec ses anciennes colonies. […]

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