Catégorie : Revue des livres Page 2 of 251

Les comptes rendus de lecture publiés dans PE

Regards sur les mutations du goulag chinois

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Marc Hecker, directeur adjoint de l’Ifri et rédacteur en chef de Politique étrangère, propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Luc Domenach, Regards sur les mutations du goulag chinois (1949-2022) (Fayard, 2023, 204 pages).

Jean-Luc Domenach, directeur de recherche émérite à Sciences Po, est connu pour ses nombreux travaux sur la Chine. Son livre de 1992 sur L’archipel oublié demeure une référence. Trois décennies plus tard, il revient sur le sujet du « goulag chinois » avec un ouvrage synthétique, accessible à un large public.

Si une grande partie de cet essai est consacrée aux camps de laogai, c’est-à-dire de « réforme par le travail », l’auteur analyse d’autres types d’établissements : laojiao (« éducation par le travail »), qiangpo (« travail forcé »), shourong (« dépôt »), shouronsouo (« centres de détention »), etc. Les « dépôts » ont par exemple été massivement utilisés au XXe siècle pour contrôler l’exode rural : les paysans qui cherchaient à fuir les campagnes y étaient enfermés sans ménagement.

The Future of Multilateralism and Globalization in the Age of the U.S.-China Rivalry

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Boyan Radoykov propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Norbert Gaillard, Fumihito Gotoh et Rick Michalek, The Future of Multilateralism and Globalization in the Age of the U.S.-China Rivalry (Routledge, 2024, 286 pages).

Cet ouvrage sensibilisera le lecteur aux grands enjeux générés par la rivalité entre les deux premières superpuissances. Le lecteur appréciera la richesse et l’homogénéité des analyses d’une thématique disparate, qui contribuent à la richesse d’un ouvrage documenté, abondant en faits, statistiques et références historiques.

L’ouvrage couvre presque exclusivement les aspects économiques de cette rivalité et n’aborde que sporadiquement, et de manière insuffisante, les aspects politiques, militaires et de sécurité globale. Cela affaiblit l’ambition des auteurs de « fournir un schéma directeur pour un ordre international remodelé et florissant ». Les sections consacrées aux défis du changement climatique et à la crise du Covid-19 ne comblent que partiellement cette lacune. Le livre réussit cependant à nous convaincre que le monde est déjà l’arène du jeu concurrentiel entre les deux superpuissances, avec des sphères d’influence fluctuant au gré des élections et des alliances, et donc beaucoup moins établies et respectées que pendant la guerre froide.

Pax atomica ?

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Tertrais, Pax atomica ? Théorie, pratique et limites de la dissuasion (Odile Jacob, 2024, 208 pages).

L’arme nucléaire permet-elle la paix ? Face à la rhétorique agressive de Vladimir Poutine, aux démonstrations de force en Corée du Nord, ou à l’accroissement de l’arsenal nucléaire chinois, la question mérite d’être posée, même si la réponse ne peut être que nuancée et partielle. C’est la tâche que s’assigne dans cet ouvrage Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des questions de dissuasion nucléaire.

The Return of the Taliban

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Jean-Luc Racine propose une analyse de l’ouvrage de Hassan Abbas, The Return of the Taliban: Afghanistan After the Americans Left (Yale University Press, 2023, 306 pages).

Comment un mouvement insurrectionnel peut-il se transformer en instance gouvernementale ? L’expérience antérieure du pouvoir (1996-2001) ne peut suffire aux talibans d’aujourd’hui : « L’Afghanistan a changé, même si eux n’ont pas changé. » Tel est le point de départ d’Hassan Abbas, professeur à la National Defense University de Washington et fin connaisseur de l’Afghanistan. À dire vrai, « eux » ont en partie changé, comme le dit Abbas lui-même. Au-delà des réseaux sociaux, nouveaux fers de lance de la propagande, l’analyse des personnalités majeures du pouvoir expose des nuances significatives, dépassant la question des générations : le mollah Baradar était un proche du mollah Omar, mais il négocia avec Washington l’accord de Doha de 2020 qui, actant le retrait américain, ouvrit les voies de la reconquête du pouvoir, en marginalisant le régime du président Ghani (chapitre 1).

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