Alors que s’ouvrent officiellement les primaires américaines avec le caucus de l’Iowa, aujourd’hui 1er février 2016, Laurence Nardon, responsable du programme « États-Unis » à l’Ifri et auteur de l’article « Présidentielles américaines : ce que nous disent les primaires » paru dans le numéro d’hiver 2015 de Politique étrangère (4/2015), a accepté de répondre à trois questions en exclusivité pour politique-etrangere.com.

Quels sont les principaux points à retenir du deuxième mandat de Barack Obama ?
Après avoir usé son capital politique de premier mandat à faire adopter une réforme de la santé, Barack Obama, peu intéressé et maladroit à gérer les questions partisanes avec le Congrès a préféré agir en politique intérieure pendant son second mandat en utilisant la voie exécutive. Il a ainsi pu prendre des mesures dans le domaine de l’immigration (pour l’instant bloquées par des recours juridiques), de l’environnement, et plus récemment dans le domaine du port d’arme.
En politique étrangère, Obama aura été un président très intellectuel, développant une analyse poussée des problèmes et élaborant des solutions idéales de façon abstraite. C’est ainsi que l’idée du pivot vers l’Asie est tout à fait rationnelle au début du XXIe siècle, mais se heurte dans les faits à la baisse des budgets militaires et à la permanence du chaos au Moyen-Orient.
Les négociations nucléaires avec l’Iran ont été conduites sur l’idée, là aussi très intéressante, de rééquilibrer l’opposition des forces sunnites et chiites au Moyen-Orient, en faisant de l’Iran un partenaire de nouveau fréquentable. Dans les faits, et même si l’accord approche de son « jour de mise en œuvre » (implementation day), il déstabilise pour l’instant l’Arabie Saoudite, ce qui ajoute au chaos général de la région, et inquiète Israël.

Professeur et directeur du Center for Eurasian, Russian, and East European Studies à Georgetown University, ayant longtemps travaillé au département d’État et au National Intelligence Council sur cette zone, Angela Stent allie rigueur universitaire et expérience diplomatique. La grande qualité de cet ouvrage réside dans son honnêteté à l’égard des protagonistes et dans une connaissance intime des deux systèmes politico-diplomatiques. En ressort un jugement critique et équilibré sur les occasions ratées, aussi bien par les États-Unis que par la Russie, de dépasser l’héritage de la guerre froide et celui des années 1990. Toutes les tentatives de redémarrage – reset selon le terme popularisé par la première administration Obama – engagées par Washington ont échoué, de George Bush à Barack Obama en passant par Bill Clinton et George W. Bush. Du côté de Moscou, les exemples ne manquent pas d’instrumentalisation d’un antiaméricanisme toujours très présent dans la société russe.
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