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Le Syndrome pakistanais

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2014). Daniel Jouanneau propose une analyse de l’ouvrage de Christophe Jaffrelot, Le Syndrome pakistanais (Fayard, 2013, 658 pages).

Comme l’ouvrage collectif qu’il avait dirigé en 2000 (Le Pakistan, Fayard), il faut saluer Le Syndrome pakistanais de Christophe Jaffrelot, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique et ancien directeur du Centre d’études et de recherches internationales de Sciences Po, l’un de nos meilleurs spécialistes de l’Asie du Sud : ce livre d’un très grand intérêt sera à son tour un ouvrage de référence.

L’auteur nous donne les clés dont nous avons besoin pour bien comprendre le Pakistan d’aujourd’hui : un pays de 180 millions d’habitants, le sixième État le plus peuplé du monde, le deuxième du monde musulman. Son livre nous ramène aux fondamentaux : genèse et séquelles de la partition entre l’Inde et le Pakistan, ambiguïtés de ses fondateurs, question centrale de l’identité pakistanaise, rôle politique des militaires, place de l’islam sous ses diverses formes, impact du conflit afghan, expansion du terrorisme.

Magnificent Delusions. Pakistan, the United States, and an Epic History of Misunderstanding

PakistanCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Olivier Louis propose une analyse de l’ouvrage de Husain Haqqani, Magnificent Delusions. Pakistan, the United States, and an Epic History of Misunderstanding, (New York, NY, Public Affairs, 2013, 416 pages).

Husain Haqqani publie un ouvrage consacré aux relations entre le Pakistan et les États-Unis. Successivement conseiller spécial de Nawaz Sharif lors de ses deux premiers mandats de Premier ministre, porte-parole de Benazir Bhutto, ambassadeur du Pakistan aux États-Unis, conseiller proche du président Asif Ali Zardari, Haqqani vit aujourd’hui aux États-Unis, sous le coup d’une accusation de trahison lancée par l’armée pakistanaise et validée par la Cour suprême – mais non jugée –, à la suite d’une mystérieuse affaire (Memogate), dont l’objectif était sans doute de contraindre Zardari à la démission.

Ce dernier ouvrage ne le réconciliera pas avec ses deux bêtes noires, l’armée et la mouvance religieuse. Dans l’examen critique des politiques des deux États, c’est le Pakistan qui apparaît sous le plus mauvais jour. Naïveté, ignorance et complaisance sont les principaux reproches adressés aux États-Unis. Duplicité, paranoïa anti-indienne et mégalomanie islamiste, ceux dirigés contre le Pakistan. L’auteur analyse précisément la première période de l’histoire du pays, de Muhammad Ali Jinnah à la guerre indo-pakistanaise de 1965. Dès l’origine, la surévaluation de l’importance du Pakistan et le malentendu sur les objectifs de l’alliance américano-pakistanaise sont en germe. Sur le premier point, Haqqani rappelle qu’Ali Jinnah lui-même croyait que le Pakistan serait le « pivot du monde » et que les États-Unis auraient plus besoin du Pakistan que le contraire. Sur le second point, l’auteur raconte comment le maréchal Muhammad Ayoub Khan, au pouvoir de 1958 à 1969, réussit à convaincre les Américains de la gravité de la menace que l’Union soviétique était censée faire peser sur le Pakistan et du rôle essentiel d’Islamabad pour contrecarrer la « course vers les mers chaudes » de la diplomatie soviétique. En réalité, son seul objectif était d’obtenir, si possible gratuitement, les armes qui lui permettraient au moins de maintenir une parité stratégique avec l’Inde. Pendant l’âge d’or des relations avec Washington, entre 1958 et 1965, il obtint cet arsenal. Tout comme lui, ses successeurs jusqu’au départ du général Pervez Musharraf en 2008 n’ont conçu la relation avec les États-Unis que comme un moyen de renforcer leur pays contre la supposée menace indienne. L’auteur souligne une troisième composante de cette relation : la montée de l’antiaméricanisme dans la population, suscitée par l’armée elle-même afin qu’elle apparaisse comme le seul rempart contre le risque de dérive islamiste du pays. Ces trois traits se retrouvent dans les trois autres périodes fondamentales de la relation États-Unis/Pakistan : l’action conjointe des États-Unis et du Pakistan en Afghanistan (1978-1988), la crise résultant du programme nucléaire militaire du Pakistan (1989-1998) et la « guerre contre la terreur » (de 2001 à aujourd’hui).

Le Pakistan et l’Afghanistan : paradoxes d’une stratégie

À lire ci-dessous : l’article d’Adrien Schu, “Le Pakistan et l’Afghanistan : paradoxes d’une stratégie”, paru dans Politique étrangère 1/2013.
Disponible ici en français (texte intégral en PDF).

Résumé : Le Pakistan soutient des groupes insurgés en Afghanistan pour rompre les liens entre New Dehli et Kaboul et pour s’assurer d’une profondeur stratégique dans un éventuel conflit avec l’Inde. Pour ce faire, Islamabad accepte une certaine porosité de sa frontière afghane et prend ainsi le risque de réévaluer la contestation de la ligne Durand : Kaboul l’a en effet toujours dénoncée comme un héritage de la colonisation, alors que les Talibans, pour leur part, ont toujours refusé de la légitimer.

Couv PE 1-2013 HD petit formatDepuis 1974, le Pakistan mène une politique de soutien à des groupes insurgés en Afghanistan. Cette politique a pour objectif premier de rompre la proximité entre Kaboul et New Delhi afin d’éliminer le risque d’un double front en cas de guerre avec l’Inde et de garantir aux Pakistanais une « profondeur stratégique ». Elle vise aussi à préserver l’intégrité du Pakistan, menacée par la contestation de la frontière pakistano-afghane, appelée ligne Durand[1].

Editorial PE 1/2013 : Israël et Russie

Éditorial de Politique étrangère 1/2013, signé Dominique David, rédacteur en chef.

Couv PE 1-2013 HD petit formatLe dossier que présente Politique étrangère sur Israël s’attache certes aux multiples particularités de l’État juif. Mais il est clair que les problématiques, internes ou externes, propres à ce dernier ont des échos très longs, et jusque dans nos interrogations sur nos stratégies ou même le fonctionnement de nos sociétés politiques.
L’avenir « post-printemps » des sociétés arabes paraît opaque, et inquiète.

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