Étiquette : relations internationales Page 4 of 19

Géopolitiques de la culture

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Antoine Pecqueur propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Nassim Aboudrar, François Mairesse et Laurent Martin, Géopolitiques de la culture. L’artiste, le diplomate et l’entrepreneur (Armand Colin, 2021, 320 pages).

Après une pause forcée pendant plusieurs mois du fait de la crise sanitaire, le secteur culturel se relance, au cœur d’enjeux géopolitiques et géoéconomiques. Forte du succès de Squid Game, la Corée du Sud affirme sa puissance en matière d’industries culturelles. Et la France cherche à améliorer son lien avec les pays africains en lançant le processus de restitution d’œuvres d’art pillées pendant la colonisation ; vingt-six statuettes viennent ainsi d’être rendues au Bénin. Deux exemples qui montrent que la culture est loin d’être anecdotique dans les relations internationales. Le sujet n’ayant été que peu étudié, on ne peut que se réjouir de la publication de cet ouvrage signé de trois professeurs de Sorbonne-Nouvelle, au titre qui interpelle par son choix de mettre le terme géopolitique au pluriel.

Le premier XXIe siècle

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Le diplomate Pierre Buhler propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Marie Guéhenno, Le premier XXIe siècle. De la globalisation à l’émiettement du monde (Flammarion, 2021, 368 pages).

Secrétaire général-adjoint des Nations unies auprès de Kofi Annan, chargé des opérations de maintien de la paix, diplomate – il a dirigé le Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay –, Jean-Marie Guéhenno est aujourd’hui professeur à Columbia. C’est dans une expérience du monde réel qu’il enchâsse une pensée singulière, servie par un esprit d’observation libre d’œillères et de préjugés. Guéhenno est un de ces auteurs qui ne prennent la plume que lorsqu’ils ont quelque chose d’important à dire. C’est ainsi que l’effondrement de l’URSS l’avait amené à s’interroger sur l’avenir de la démocratie (1993), puis de la liberté (1999).

Comme dans La Fin de la démocratie, voici près de 30 ans, le regard reste désabusé sur le prétendu triomphe de la démocratie qui aurait sanctionné l’effondrement de l’Union soviétique. Ce constat est aujourd’hui confirmé par la crise multiforme de l’Occident. Démentie par la réalité de son indifférence aux massacres des années 1990, sa prétention à l’universalisme de ses valeurs est en butte aux attaques contre son passé, son histoire coloniale, l’esclavage et son traitement des peuples autochtones. L’ordre multilatéral libéral tant vanté s’est avéré un manteau commode pour habiller la domination américaine. Et l’irruption du phénomène Trump a illustré la fragilité de la « roulette démocratique ».

La part des dieux

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2021 de Politique étrangère (n° 3/2021). Frédéric Charillon propose une analyse de l’ouvrage de Delphine Allès, La part des dieux. Religion et relations internationales (CNRS Éditions, 2021, 352 pages).

Voici un livre dont on est tenté de saluer l’actualité. Eh bien non, justement, nous explique Delphine Allès : l’idée d’un « grand retour » de la religion dans les relations internationales est largement surfaite. Pour une raison simple : elle n’en est jamais sortie. Et ce parce que les grilles de lecture de l’international par le religieux, telles que largement développées dans le débat public, sont autant de miroirs déformants qui occultent bien des complexités.

Ce sont ces complexités que l’auteur veut nous donner à voir, essentiellement par l’exemple indonésien. La « confessionnalisation des représentations » dans la partie 1, puis celle des politiques dans la partie 2, brouillent bien des phénomènes, et notamment la dialectique entre les échelles locale et globale (le lien micro-macro, aurait dit James Rosenau dans Turbulence in World Politics).

Inter-socialités. Le monde n’est plus géopolitique

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Denis Bauchard propose une analyse de l’ouvrage de Bertrand Badie, Inter-socialités. Le monde n’est plus géopolitique  (CNRS Éditions, 2020, 232 pages).

Le dernier ouvrage de Bertrand Badie propose une nouvelle lecture des relations internationales à la lumière des récents événements qui ont secoué le monde. Il part du constat que les manifestations de l’année 2019 contre les pouvoirs, du Chili à l’Iran en passant par la France, « replacent le social, exprimé ou subi, au centre du jeu international, de manière non pas conjoncturelle mais essentielle et durable ». Il en est de même de la pandémie, qui a fait dire à Henry Kissinger qu’elle a « modifié à jamais l’ordre mondial ».

Page 4 of 19

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén