Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022). Dimitri Minic propose une analyse de l’ouvrage d’Anne de Tinguy, Le géant empêtré. La Russie et le monde de la fin de l’URSS à l’invasion de l’Ukraine (Perrin, 2022, 496 pages).
Dans son nouveau livre consacré à la politique de puissance russe, Anne de Tinguy analyse l’ambivalence historique d’une Russie aspirant à la grandeur, mais contrainte par son retard économique et technologique sur l’Occident. Cet ouvrage n’est pas une énième somme sur la politique étrangère russe : l’auteur propose une approche plus originale et transversale, à travers l’examen de la boîte à outils et de la stratégie déployées par Moscou, de la période soviétique à l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022). Hans Stark propose une analyse de l’ouvrage de Liana Fix, Germany’s Role in European Russia Policy. A New German Power? (Palgrave Macmillan, 2021, 246 pages).
Paru avant l’intervention russe en Ukraine, cet ouvrage traite à la fois du concept de puissance dans la politique étrangère de l’Allemagne et des relations germano-russes. L’analyse magistrale montre à quel point les concepts de « responsabilité » et de « leadership » appliqués à la politique étrangère de la République fédérale se sont pour l’essentiel, voire quasi exclusivement, concentrés sur un effort de transformation du régime russe en système libéral compatible avec les démocraties occidentales via une « Ostpolitik bis » du « changement par le commerce » (Wandel durch Handel). Pour Liana Fix, cette stratégie a échoué avec la première guerre russo-ukrainienne de 2014-2015 et l’annexion de la Crimée.
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022). Aurélien Denizeau propose une analyse de l’ouvrage d’Isabelle Facon (dir.), Russie-Turquie. Un défi à l’occident ? (Passés composés, 2022, 224 pages).
Alors que l’activisme tant de la Turquie que de la Russie ne cesse d’interpeller, et parfois d’inquiéter, les observateurs occidentaux, la nature des relations bilatérales entre ces deux puissances voisines demeure à bien des égards un mystère. Voici deux États que l’histoire a fait s’affronter à maintes reprises et qui demeurent aujourd’hui rivaux sur plusieurs théâtres géopolitiques. Pourtant, ils savent aussi mettre de côté leurs différends pour gérer des situations de crise particulièrement complexes. Cette « compétition coopérative » déconcerte Européens et Américains, d’autant que ces manœuvres aboutissent bien souvent à les mettre à l’écart des terrains géopolitiques concernés. Comme si Moscou et Ankara voulaient marquer leur volonté de gérer leurs désaccords seuls, sans laisser de place aux acteurs tiers. Pour décrypter cet étonnant pas de deux, un seul regard, aussi pertinent fût-il, aurait semblé bien insuffisant. C’est donc toute une équipe qui a été réunie sous la direction d’Isabelle Facon, donnant à l’ouvrage un caractère multidimensionnel marqué.
Spécialistes de la Russie, de la Turquie ou connaisseurs d’une région où ces deux puissances se rencontrent, les auteurs explorent en détail les multiples facettes de la relation bilatérale. Deux premiers chapitres reviennent, en guise d’entrée en matière, sur une tumultueuse histoire russo-turque, marquée certes par de nombreux affrontements mais aussi par des épisodes plus méconnus de rapprochement. Le chapitre suivant introduit et explique la délicate position des Occidentaux face à ce curieux tandem. C’est ensuite un intéressant tour d’horizon des théâtres d’affrontement, de rivalité ou de coopération entre Moscou et Ankara : la Syrie, la Libye, la mer Noire, le Caucase, jusqu’à l’Asie centrale – où se fait sentir la présence d’un troisième compétiteur : la Chine. Les derniers chapitres sont consacrés aux questions de l’énergie, de l’économie et de l’armement, secteurs où Turcs et Russes affichent de réelles ambitions en termes de coopération, tout en semblant parfois réticents à les concrétiser, à l’image de ces missiles S-400 achetés par Ankara mais qui tardent à être déployés.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen encourageait le 12 octobre 2022 les 27 à accorder un statut de « candidat à l’adhésion » à la Bosnie-Herzégovine. Un statut que le pays a officiellement obtenu jeudi 15 décembre 2022, rejoignant ses voisins sur le très long chemin que représente le processus d’intégration à l’Union. Voilà près de 20 ans que l’on fait miroiter aux Balkans la perspective d’une intégration à la grande famille européenne, provoquant impatience et frustrations. Mais la guerre en Ukraine pourrait changer la donner et peut-être même faire de l’intégration des Balkans une nouvelle priorité.
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