Le 17 juin dernier, Pascal Airault de L’Opinion a interviewé l’ancien président du Nigéria Olusegun Obasanjo, présent à Paris en juin pour participer à la conférence « Où en est la démocratie au Afrique ? » à l’Ifri. A cette occasion, il rappelle que le dossier du numéro d’été 2019 de Politique étrangère (n° 2/2019), « La démocratie en Afrique : tours et détours », y est consacré.
Les faits. De passage à Paris en juin pour participer à la conférence « Où en est la démocratie en Afrique ? » de l’Institut français des relations internationales (Ifri, qui y consacre le dernier numéro de sa revue Politique étrangère), l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, s’est confié à l’Opinion sur les derniers soulèvements en Afrique, les problèmes sécuritaires et les enjeux nigérians.
Comment expliquez-vous les soulèvements au Soudan et en Algérie ?
J’ai bien connu les deux anciens présidents de ces pays. Abdelaziz Bouteflika était au pouvoir lorsque je l’étais à l’époque. L’ex-chef de l’État algérien, le président sud-africain Thabo Mbeki et moi avons travaillé étroitement sur les initiatives politiques continentales, notamment la mise en place du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique. Bouteflika s’est beaucoup investi pour stabiliser son pays après la guerre civile. Mais quand un président s’accroche et croit qu’il est le seul à pouvoir décider de l’avenir de son pays, cela devient problématique. Vous ne pouvez agir que dans un temps imparti et il faut faire attention à bien léguer son héritage
Et le Soudan?
Omar el-Béchir est devenu le chef militaire du pays avant d’être élu à la présidence du Soudan. Nous nous sommes souvent rencontrés. Il avait, au début, beaucoup d’ambitions pour son pays. Nous avons travaillé pour régler la crise du Darfour et préparer la création du sud Soudan. Lui aussi est resté trop longtemps au pouvoir. Il a notamment voulu se protéger lorsque la Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt contre lui. Il aurait dû partir à temps. Ces dernières années, il avait commencé à normaliser ses relations avec les États-Unis.
Que pensez-vous de la décision de l’Union africaine de suspendre le Soudan de ses instances ?
L’Union africaine et la communauté internationale doivent rester unies. Elles doivent aussi brandir l’arme des sanctions pour permettre la transition démocratique. Les militaires semblent dorénavant enclins à vouloir organiser des élections dans un laps de temps assez court. C’est une bonne chose.
Le conseil de transition militaire ne va-t-il pas promouvoir un ancien officier à la tête du pays ?
Je ne le pense pas. Les régimes militaires ne fonctionnent plus en Afrique et la jeunesse est éprise de démocratie. Il y a assez de personnalités au Soudan pour gérer démocratiquement les affaires du pays. Et si un militaire voulait briguer la présidence, il devrait au préalable ranger son treillis et se reconvertir dans la politique.
Lisez la suite de l’interview ici.
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