Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2022 de Politique étrangère (n° 1/2022). Cyril Coulet propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Anu Koivunen, Jari Ojala et Janne Holmén, The Nordic Economic, Social and Political Model (Routledge, 2021, 272 pages).
Voici un ouvrage composite qui ambitionne d’éclairer comment « la recette des pays nordiques permettant d’associer des démocraties stables, la liberté individuelle, la croissance économique et des systèmes de sécurité sociale complets se trouve à la croisée des chemins dans le contexte actuel d’une économie numérique mondialisée, des tensions géopolitiques et des changements dans la culture politique ainsi que des défis adressés à la démocratie ».
L’ouvrage s’organise en trois parties. La première – les cinq premiers chapitres – traite des défis posés à la démocratisation et aux formes traditionnelles de gouvernance. Elle comprend notamment deux chapitres présentant l’origine du concept de modèle nordique, ses usages politiques et les enjeux auxquels doivent faire face les sociétés nordiques contemporaines. La deuxième partie – les cinq chapitres suivants – est centrée sur les évolutions du système politique, de la structure des partis et de l’espace public. Elle comporte ainsi des contributions sur les forces traditionnelles des systèmes politiques nordiques et sur la montée des formations populistes de droite. La troisième – les trois derniers chapitres – porte sur la réactualisation du modèle nordique à l’aune des problématiques de genre, des évolutions des modèles de production et de leurs impacts sur le système éducatif.
L’ouvrage couvre ainsi un ensemble de thématiques susceptibles d’intéresser les chercheurs spécialisés souhaitant disposer de contributions récentes sur les enjeux contemporains dans les pays nordiques. Il pourra également intéresser les chercheurs en sciences politiques souhaitant disposer d’éclairages sur leurs politiques publiques et leurs réponses aux enjeux transnationaux.
Chaque contributeur appuie sa démonstration sur des éléments de politique publique comparée, à partir d’exemples d’au moins deux pays nordiques différents. L’ouvrage offre ainsi globalement une diversité d’éclairage sur les politiques publiques et les organisations sociétales de ces pays. Les auteurs évitent soigneusement de présenter le modèle nordique comme un ensemble homogène qui présenterait des réponses uniformisées à des défis communs.
Certains chapitres se démarquent par la qualité de leur synthèse ou la singularité de leur approche. Ainsi, le chapitre dédié à la « neutralité liquide » offre une remarquable perspective sur les évolutions du débat public, en Finlande et en Suède, autour de l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. De même, le chapitre consacré à la politique et à la diversité culturelles éclaire les différentes approches retenues par les pays nordiques face au multiculturalisme et leurs évolutions sur cette question. Enfin, le chapitre consacré au déclin de la social-démocratie en Suède se démarque par une vision très critique des évolutions de ce courant politique et de son idéologie.
Les trois chapitres de conclusion offrent des vues intéressantes sur la manière dont les sociétés nordiques envisagent les grands chantiers à venir. Et le chapitre consacré à l’éducation 4.0 dans le cadre de la quatrième révolution industrielle avance des idées sur l’évolution du rôle du système éducatif pour accompagner les mutations de l’emploi.
Cyril Coulet
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