Le 15 septembre dernier, François Clemenceau a publié dans sa chronique « Le monde à l’endroit » (La Tribune) un article qui interroge, à quelques semaines des élections présidentielles, le « rapport [américain] à la Chine ». Il cite à cet effet l’article écrit par Maud Quessard, « Quelle politique étrangère démocrate après Biden ? » et celui de Philippe Le Corre, « La Chine au cœur de la politique étrangère américaine », parus dans le n° 3/2024 de Politique étrangère.

En l’absence d’un autre débat présidentiel aux États-Unis d’ici au 5 novembre, la question du rapport à la Chine, une obsession de la classe politique américaine, ne sera pas au cœur des sujets de la campagne. Le monde entier, dont l’Europe, aimerait pourtant ne pas être dans le doute sur les intentions des États-Unis.

Le moins que l’on puisse dire du débat de mardi soir entre Donald Trump et Kamala Harris, c’est qu’il n’a pas franchement « pivoté » vers l’Asie. Et pas beaucoup plus sur la Chine, bien que les deux candidats aient dit en quelques mots seulement à quel point ils continueraient à prémunir les États-Unis dans la compétition commerciale et technologique qui les oppose à leur premier concurrent.

Et pourtant, c’est tout le bilan de l’administration Biden sur ce sujet qu’il aurait été intéressant de dresser. Ne serait-ce que pour mieux faire comprendre aux Américains, mais aussi à nous autres Européens, en quoi la politique indopacifique récente des Etats-Unis a permis d’éviter le pire. Sur le plan militaire par exemple, Kamala Harris aurait ainsi pu expliquer pourquoi l’amiral Samuel Paparo, commandant des forces américaines dans la zone indopacifique, venait le jour même de dialoguer par visioconférence avec le général Wu Yanan, chef du commandement Sud de l’Armée populaire de libération (APL). Selon l’amiral américain, « de telles discussions entre hauts responsables permettent de clarifier les intentions des deux parties et de réduire le risque de perception erronée ou d’erreur de calcul de part et d’autre ».

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Donald Trump va-t-il relancer la guerre commerciale en imposant des taxes douanières de 60 % sur les produits chinois les plus compétitifs, au risque de faire repartir l’inflation ? « L’ambition de prévaloir dans la rivalité stratégique avec la Chine guidera à n’en pas douter la politique américaine quel que soit le parti qui remportera la présidence », écrit Maud Quessard, directrice à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, dans le dernier numéro de la revue Politique étrangère. Pour la chercheuse, l’équipe Biden- Blinken a maintenu « la nécessité pour les Etats-Unis de gérer cette concurrence de manière responsable et diplomatique ».

Dans cette même revue, Philippe Le Corre, chercheur à l’Asia Society Policy Institute, se montre inquiet en cas de retour à la Maison-Blanche de Donald Trump : « Il s’agirait pour la relation sino-américaine d’un saut vers l’inconnu. » À moins, selon lui, que l’ancien président reprenne conseil auprès de Matthew Pottinger, son ex « Monsieur Chine », pour qui l’Amérique aujourd’hui ne doit plus se relancer dans « un isolationnisme exacerbé ».

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