Catégorie : Revue des livres Page 28 of 277

Les comptes rendus de lecture publiés dans PE

The Return of the Taliban

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Jean-Luc Racine propose une analyse de l’ouvrage de Hassan Abbas, The Return of the Taliban: Afghanistan After the Americans Left (Yale University Press, 2023, 306 pages).

Comment un mouvement insurrectionnel peut-il se transformer en instance gouvernementale ? L’expérience antérieure du pouvoir (1996-2001) ne peut suffire aux talibans d’aujourd’hui : « L’Afghanistan a changé, même si eux n’ont pas changé. » Tel est le point de départ d’Hassan Abbas, professeur à la National Defense University de Washington et fin connaisseur de l’Afghanistan. À dire vrai, « eux » ont en partie changé, comme le dit Abbas lui-même. Au-delà des réseaux sociaux, nouveaux fers de lance de la propagande, l’analyse des personnalités majeures du pouvoir expose des nuances significatives, dépassant la question des générations : le mollah Baradar était un proche du mollah Omar, mais il négocia avec Washington l’accord de Doha de 2020 qui, actant le retrait américain, ouvrit les voies de la reconquête du pouvoir, en marginalisant le régime du président Ghani (chapitre 1).

Handbook of Fragile States

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). François Gaulme, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par David Carment et Yiagadeesen Samy, Handbook of Fragile States (Edward Elgar, 2023, 430 pages).

Dans une collection de manuels en science politique, ce livre collectif très dense propose des éclairages multiples sur la notion de fragile state (« État fragile »), qui demeure conceptuellement contestée. Rencontrant depuis près de deux décennies un très grand succès dans le monde anglophone, elle a été traitée avec quelque dédain par les chercheurs en France, avant d’être finalement avalisée par l’administration. Le terme d’« État fragile » s’est imposé, se substituant à celui d’« État failli » (failed state), trop dépréciatif.

China’s Law of the Sea

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Charles-Emmanuel Detry propose une analyse de l’ouvrage d’Isaac B. Kardon, China’s Law of the Sea: The New Rules of Maritime Order (Yale University Press, 2023, 416 pages).

Un peu plus de quarante années se sont aujourd’hui écoulées depuis la négociation de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), signée en 1982 à Montego Bay et entrée en vigueur en 1994. Consacrant l’emprise croissante des États côtiers sur les mers sans répudier tout à fait le vieux principe de la liberté de navigation, elle est en particulier le fruit d’un compromis historique entre l’intérêt des États en développement à s’approprier une part des ressources des océans, et celui des puissances maritimes, emmenées à l’époque par les États-Unis et l’Union soviétique, à maintenir la circulation de leurs navires militaires.

La guerre des mondes

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2024 de Politique étrangère (n° 1/2024). Amélie Ferey, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Tertrais, La guerre des mondes. Le retour de la géopolitique et le choc des empires (L’Observatoire, 2023, 288 pages).

Pour Bruno Tertrais, nous sommes entrés dans une « guerre des mondes », soit le « troisième choc en cent ans entre le monde des autocraties et celui des démocraties, dans laquelle des États révisionnistes, insatisfaits du statu quo, seront responsables de conflits indirects et de crises majeures ».

Cette guerre oppose deux familles partageant des ressemblances économiques, stratégiques et politiques. La notion, plus souple que celle de bloc, permet à Tertrais de rendre compte des mouvements internes allant vers l’un ou l’autre pôle, par exemple de pays ayant des intérêts économiques les rattachant à l’Occident mais tentés par des politiques autoritaires, comme c’est le cas de la Hongrie. Dans cette guerre – qui sera donc « tiède » –, l’Occident est bien placé. Ses idées attirent plus que celles des régimes autoritaires, et il conviendrait de repenser son fameux « déclin » davantage comme une stagnation.

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