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Irregular War: ISIS and the New Threat from the Margins

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de Paul Rogers, Irregular War: ISIS and the New Threat from the Margins (I.B. Tauris, 2016, 224 pages).

Irregular War

Auteur prolifique, Paul Rogers propose ici une réinterprétation du phénomène Daech comme conséquence des dysfonctionnements du système international contemporain. Si la majeure partie des travaux consacrés au groupe terroriste a jusqu’ici étudié sa genèse irakienne et syrienne, Paul Rogers affirme que l’État islamique (EI) est aussi l’expression de ce qu’il nomme « les révoltes de la marge » (revolts from the margins). Les formes du terrorisme moderne tel que l’EI seraient un symptôme du dérèglement du système international, un système marqué par l’aggravation des inégalités économiques, le renforcement d’élites transnationales déconnectées des réalités locales et une dégradation des conditions environnementales. « D’autres exemples [que l’EI] incluent des groupes islamistes tels que Boko Haram, le front Al-Nosra, mais aussi la rébellion néomaoïste naxalite en Inde ainsi que dans un passé récent, les néomaoïstes du Népal et le Sentier lumineux au Pérou », précise-t-il dans le premier chapitre.

Syrie. Anatomie d’une guerre civile

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Rémy Hémez, chercheur au Laboratoire de recherche sur la défense (LRD) à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage d’Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie. Anatomie d’une guerre civile (CNRS Éditions, 2016, 416 pages).

Syrie anatomie d'une guerre civile

Ce livre, co-écrit par Gilles Dorronsoro, professeur à l’université Paris 1, et deux doctorants, Arthur Quesnay et Adam Baczko, étudie en profondeur de la guerre civile syrienne. Les auteurs ont réalisé 250 entretiens, pour une bonne partie en Syrie, entre décembre 2012 et janvier 2013, et en août 2013, à une époque où il était encore possible d’accéder à la zone de guerre. Ils distinguent trois étapes dans la révolution syrienne.

La première, en 2011, est une phase de contestation politique essentiellement pacifique. Une telle contestation paraissait improbable pour la plupart des spécialistes, mais le fait même qu’elle ait existé permet de comprendre a posteriori les faiblesses du régime, à savoir son absence de base sociale et son manque de maîtrise des effets politiques du néolibéralisme.

Terrorisme et mondialisation

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). François Thuillier propose une analyse de l’ouvrage de Jenny Raflik, Terrorisme et mondialisation. Approches historiques  (Gallimard, 2016, 416  pages).

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L’analyse du phénomène terroriste souffre de nombreuses lacunes. Parmi elles, une certaine forme de paresse intellectuelle qui consiste à limiter sa pensée à la visée de son regard. Là où les politistes l’imaginent en complot ou en stratégie, les sociologues y voient le produit de rapports de force collectifs, et les psychologues de trajectoires individuelles disloquées. Les orientalistes essentialisent autour des marges honteuses d’une religion, et tous, finalement, abandonnent les praticiens de la lutte antiterroriste aux thèses souvent les plus bruyantes et les plus simplificatrices. Les anthropologues se taisent encore (s’agissant pourtant d’une violence archaïque, d’une loi du sang clanique). Mais ce n’est plus le cas des historiens, et ils sont les bienvenus tant la mise en perspective d’un événement aide à sa compréhension.

L’État islamique est une révolution

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère (n°3/2016). Marc Hecker, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Scott Atran, L’État islamique est une révolution (Paris, Les Liens qui Libèrent, 2016, 156 pages).

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Cet ouvrage regroupe trois textes de natures différentes de Scott Atran, anthropologue franco-américain, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’université du Michigan. Le premier est un essai sur la nature de Daech. La thèse défendue a donné son titre au livre : L’État islamique est une révolution. Prenant le contre-pied des travaux de Dounia Bouzar, Atran affirme que l’EI n’est pas une secte qui laverait le cerveau des âmes faibles. C’est, au contraire, un puissant mouvement politico-religieux dont les membres se perçoivent comme une avant-garde révolutionnaire. Ils sont soudés par une cause sacrée – la volonté de mettre en place un nouvel ordre moral –, pour laquelle ils sont prêts à se sacrifier. L’esprit de fraternité qui anime cette avant-garde est une force qui assure à Daech une résilience importante. L’EI compense la supériorité matérielle de ses adversaires par une motivation hors du commun.

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