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Comment perdre la guerre contre le terrorisme

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère (n°3/2016). Marc Hecker, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de François Heisbourg, Comment perdre la guerre contre le terrorisme (Paris, Stock, 2016, 128 pages).

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François Heisbourg signe un essai d’une virulence inhabituelle. Réputé proche du Parti socialiste – il a fait partie du cabinet de Charles Hernu de 1981 à 1984 –, il sonne une charge retentissante contre François Hollande et Manuel Valls, accusés d’« incompétence » et de « médiocrité » dans leur gestion des attentats de 2015.

Le réquisitoire est construit en dix étapes, présentées comme dix règles d’or pour perdre la guerre contre le terrorisme. Le gouvernement aurait multiplié les erreurs – voire les fautes – ce qui, sauf changement de cap, conduirait notre pays à la défaite. Voici les dix reproches énoncés par le procureur Heisbourg. 

The ISIS Apocalypse

Cette recension est issue de Politique étrangère (1/2016). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de William McCants, The ISIS Apocalypse: the History, Strategy, and Doomsday Vision of the Islamic State (New York, St. Martin’s Press, 2015, 256 pages).

ISIS  Apocalypse_MECH_01.inddEn l’espace de deux ans, l’État islamique (EI) a généré une abondante littérature. Cet ouvrage propose de mettre en lumière une dimension peu ou mal comprise de l’organisation : sa rhétorique apocalyptique. McCants prend soin de souligner la particularité tant idéologique qu’opératoire de l’EI : le groupe est en effet le premier acteur depuis la chute de l’Empire ottoman à prétendre au statut de califat.

Il en ressort plusieurs clés de compréhension de l’EI. Tout d’abord, si l’EI est bien un descendant d’Al-Qaïda en Irak, sa stratégie s’en est dès le début distanciée. Ainsi, rappelle l’auteur, Ben Laden et Zawahiri ne proclamèrent jamais un califat qui devait, à leurs yeux, n’advenir qu’une fois les musulmans rassemblés contre l’impérialisme occidental. De plus, les attaques visant directement des musulmans en Irak et Syrie étaient jugées contre-productives par les leaders d’Al-Qaïda. L’EI, pour sa part, n’hésite pas à conquérir ses territoires par une campagne de terreur, et non de séduction, des populations.

Cela nous conduit à un phénomène particulièrement intéressant vers 2013-2014. L’émergence de l’EI et son ralliement par de nombreux djihadistes d’Al-Qaïda ont été entourés de débats internes et de controverses relayés par les réseaux sociaux, comme jamais cela n’avait été le cas dans l’histoire du terrorisme islamiste. Alors qu’Al-Qaïda prenait soin de contrôler les dissensions internes, les allégeances à Daech et les critiques à l’égard des autres mouvements (Jabhat Al-Nusra notamment) furent largement diffusées et discutées sur la toile. Il s’agit là aussi d’une dimension fondamentale de l’EI : son attention méticuleuse apportée à la propagande de masse.

Allemagne. Berlin en Union européenne, Berlin et l’Union européenne

Dans son émission du 23 mars, Thierry Garcin, producteur de la chronique « Les Enjeux internationaux » sur France Culture, se penche sur la question allemande et la place de l’Allemagne dans et face à l’Union européenne. Hans Stark, directeur du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri et auteur de l’article « De la question allemande à la question européenne »  paru dans Politique étrangère n°1/2016, était son invité.

Logo France cultureLa question allemande en Europe resurgit-elle parce que l’Union européenne (UE) se détricote ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord examiner les principaux griefs que l’on adresse à l’Allemagne.

« Dans un ordre approximativement chronologique et à titre d’illustration : l’Allemagne a géré la crise grecque à Bruxelles d’une façon impérieuse et peu communautaire ; elle pollue massivement, après la décision d’abandonner d’ici 2022 le nucléaire civil, en construisant de nombreuses centrales à charbon, contrevenant aux engagements de l’UE en matière de lutte contre la pollution ; elle a mis un immense désordre sur le continent dans le dossier des migrants proche-orientaux, imposant des quotas obligatoires, qui ne sont d’ailleurs aucunement respectés, tout en étant clairement débordée par le situation qu’elle a créée ; elle vient de demander officiellement la fermeture d’une centrale nucléaire française ; elle prend des décisions collectives à l’égard d’une Turquie bien peu recommandable.

Parallèlement, le cadre communautaire se disjoint. Des pans de l’État de droit tombent (Hongrie, Pologne…) ; le fédéralisme n’est plus un projet ; le Royaume-Uni risque de quitter l’UE ; la fracture entre d’ex-pays de l’Est et l’Allemagne s’élargit ; on parle volontiers de l’effacement de Londres et de l’inertie de Paris ; etc.

Faut-il en conclure que l’Allemagne redevient forte à raison de la faiblesse et des contradictions de ses voisins ?

« Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire »

À la suite des attentats du vendredi 13 novembre 2015, nous vous invitons à relire l’article de Myriam Benraad, « Défaire Daech : une guerre tant financière que militaire », publié dans le numéro d’été 2015 (2/2015) de Politique étrangère.

couv pe_2-2015Organisation terroriste la plus médiatisée et la plus redoutée de la nébuleuse djihadiste mondiale, l’État islamique a largement bâti sa puissance militaire et politique sur le développement d’une véritable économie de guerre, à cheval entre l’Irak et la Syrie, passé graduellement d’activités de contrebande et d’extorsion diverses à un système dont chaque aspect a été méticuleusement pensé par ses concepteurs[1]. De par sa volonté de fonder un « État », qui confère tout son sens à son action au-delà des multiples débats sémantiques qui l’ont entouré, « Daech »[2] s’est doté de ressources qui, en 2015, en font toujours le groupe armé le plus fortuné au monde, avec près de deux milliards de dollars à son actif. Cette richesse se combine à un fonctionnement interne reposant sur une gestion millimétrée de revenus démultipliés à la faveur de l’absence de développement socioéconomique et de la déliquescence des institutions dans les territoires conquis ; revenus qui rendent compte de l’essor du djihad et de l’autonomisation de ses représentants par rapport à leurs promoteurs passés[3].

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