Étiquette : globalisation

Who Really Feeds the World?

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Sébastien Abis propose une analyse de l’ouvrage de Vandana Shiva, Who Really Feeds the World?  (Zed Books, 2016, 176  pages).

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Si la perspective de 10 milliards d’habitants dans le monde se précise pour l’horizon 2050, il semble difficile de contourner la nécessaire augmentation de la production agricole, estimée à 60 % du niveau actuel par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Est-il préférable d’améliorer les rendements sur les terres agricoles déjà cultivées et présentant de bonnes conditions pédoclimatiques, à l’instar de l’Europe, ou convient-il d’étendre les espaces dédiés à l’agriculture dans le monde, en exploitant les terres arables qui restent disponibles et se situent majoritairement en Amérique latine et en Afrique subsaharienne ?

L’économie des BRIC. Brésil, Russie, Inde, Chine

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (4/2013). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Andrea Goldstein et Françoise Lemoine, L’économie des BRIC. Brésil, Russie, Inde, Chine (Paris, La Découverte, 2013, 126 pages).

économie des bricLe début de cet excellent livre a le mérite de remettre en perspective l’évolution politique et économique des BRIC. Reprenant les travaux d’Angus Maddison, les auteurs rappellent ainsi que le produit intérieur brut (PIB) agrégé de l’Inde et de la Chine représentait près de 50 % du PIB mondial en 1820 ! Si le développement industriel du xxe siècle s’est fait selon des modalités différentes (système planifié en Chine et en Russie, cadre capitaliste au Brésil et fort interventionnisme étatique en Inde), ce sont les mêmes catalyseurs qui ont permis aux BRIC d’amorcer leur impressionnant rattrapage économique à partir des années 1990 : privatisation partielle ou totale des entreprises, maîtrise des finances publiques nationales et locales, politique industrielle offensive et politique commerciale ponctuellement protectionniste.

Andrea Goldstein et Françoise Lemoine montrent ensuite que, si les quatre pays ont en commun d’être des géants démographiques, leurs dynamiques sociales sont spécifiques. C’est au Brésil et en Chine que le nombre d’actifs a le plus augmenté et que la pauvreté a le plus reculé entre 1980 et 2010. De son côté, la Russie a vu sa population active stagner, mais la pauvreté y est presque absente, ce qui contraste radicalement avec la situation indienne. Néanmoins, les BRIC ont tous réussi à accroître leur productivité, ce qui est l’une des clés de leur réussite.

Le nouveau Gouvernement du monde. Idéologies. Structures. Contre-pouvoirs

Cet article, rédigé par Anne-Sophie Novel, est un extrait de Politique étrangère volume 76, n°3, paru à l’automne 2011, portant sur l’ouvrage de Georges Corm « Le nouveau Gouvernement du monde. Idéologies. Structures. Contre-pouvoirs » (La Découverte, 2010).

Georges Corm signe ici un ouvrage pédagogique limpide sur l’état actuel du monde. Cet économiste de profession, spécialiste du Moyen-Orient et de la Méditerranée, a forgé son expertise au cours de nombreuses années de conseil auprès d’organismes internationaux et d’institutions financières. Il livre une analyse critique de la mondialisation et se lance dans un plaidoyer contre les « absurdités sociales auxquelles le monde globalisé nous a menés, et continue de le faire tous les jours ».

Reprenant tour à tour les facteurs culturels, sociologiques, politiques et économiques qui ont donné sa force au mouvement de globalisation, l’auteur entend aller contre les idées reçues et identifier les causes premières des dérèglements dont nous sommes victimes.

Sa démonstration se déroule alors de manière méthodique. Reprenant les fondements du néolibéralisme, G. Corm explique à quel point il est nécessaire d’en démystifier la doctrine économique et de sortir des éternels (faux) débats. Il faudrait par exemple cesser de vouloir sans cesse réduire la place de l’État dans l’économie, de prôner la sacro-sainte flexibilité des salaires, d’idéaliser les systèmes de retraites par capitalisation ou de croire en l’existence de bonnes pratiques pour les investisseurs.

Pire, d’après l’auteur : la grille de lecture du néolibéralisme, non contente de rétrécir le champ des débats économiques, nous empêche de faire face convenablement aux grands enjeux de notre temps. La lutte contre le réchauffement climatique, par exemple, est faussée « par tous ces a priori de la doctrine néolibérale en vertu de laquelle il faut refuser tout contrôle direct des États sur les questions du réchauffement climatique ». Ne devrait-on pas plutôt s’attaquer à la société de consommation et aux gaspillages économiques massifs qu’elle entraîne ? La lutte contre la faim dans le monde et la pauvreté subissent la même logique : sous couvert d’un développement à visage humain, nous oublions d’interroger les causes des inégalités sociales et matérielles, de l’exclusion et de la pauvreté.

Comment, dans ces conditions, aborder les problèmes cruciaux qui demeurent dans le monde ? Comment remettre en cause les dérèglements des systèmes de production des grands pays industrialisés ? Comment sortir des réflexes pavloviens du consumérisme, qui aujourd’hui se retrouvent même dans les logiques politiques ? Autant de questions posées par l’auteur, qui n’hésite pas à étayer ses propos de théories élaborées par les grands penseurs de l’altermondialisme.

Ces remises en cause viennent alors interroger l’évolution de l’enseignement de l’économie. Pour G. Corm, « l’enseignement académique de l’économie prétend désormais avoir accédé au statut de “science dure”. L’absence de discussions approfondies sur cette question permet à ce pouvoir de continuer à fonctionner avec la légitimité que lui attribue l’enseignement de l’économie, stéréotypé et homogénéisé à l’échelle mondiale. » En ligne de mire notamment : la mathématisation de l’approche économique et la tentation de faire de l’économie une science capable de prédire l’avenir avec certitude. Sans parler de la financiarisation de l’économie et de l’utilisation à outrance des modèles économétriques.

G. Corm scrute le pouvoir mondialisé et l’uniformisation du monde pour s’essayer à un – fort utile – exercice prospectif de dé-mondialisation.

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