Étiquette : néolibéralisme

La face cachée de l’économie. Néolibéralisme et criminalités

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2020). Agathe Demarais propose une analyse de l’ouvrage de Clotilde Champeyrache, La face cachée de l’économie. Néolibéralisme et criminalités (Presses Universitaires de France, 2019, 304 pages).

Clotilde Champeyrache s’intéresse ici aux liens existant entre néolibéralisme et développement de la criminalité organisée (trafics de drogue, d’êtres humains, prostitution, fraude fiscale, contrefaçons…) : la théorie économique moderne serait mal armée pour étudier les phénomènes criminels, dont elle favoriserait par ailleurs l’émergence. L’approche retenue présente de multiples exemples de dérives criminelles, notamment liées aux mafias italiennes.

Changing Welfare States

Cette recension est issue de Politique étrangère 3/2013. Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage d’Anton Hemerijck, Changing Welfare States (Oxford, Oxford University Press, 480 pages).

00-HemerijckCet ouvrage nous offre une remarquable étude théorique et empirique de l’État providence en Europe. Sa force tient essentiellement à la capacité de son auteur à mobiliser sa vaste connaissance du sujet et à présenter des données statistiques pertinentes en vue d’analyser très finement l’évolution de l’État providence et de dégager ses forces et ses faiblesses. A. Hemerijck décrit d’abord les vecteurs de mutation de l’État providence au cours des trois dernières décennies.

Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the Birth of Neoliberal Politics

Cette recension est issue de Politique étrangère 2/2013. Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Daniel Stedman Jones, Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the Birth of Neoliberal Politics (Princeton, NJ, Princeton University Press, 432 pages).

00-Stedman-JonesLe travail d’information mené par l’avocat londonien Daniel Stedman Jones, fondé en particulier sur de nombreuses interviews, est précieux car il permet de mieux comprendre les bases du néolibéralisme, un mouvement de pensée né en réaction au totalitarisme, au collectivisme, au keynésianisme et au New Deal de Roosevelt. Chez Karl Popper, Friedrich Hayek ou Ludwig von Mises, la défense des libertés individuelles passe en effet par la réduction du rôle de l’État et la promotion de la logique de marché.

Le nouveau Gouvernement du monde. Idéologies. Structures. Contre-pouvoirs

Cet article, rédigé par Anne-Sophie Novel, est un extrait de Politique étrangère volume 76, n°3, paru à l’automne 2011, portant sur l’ouvrage de Georges Corm « Le nouveau Gouvernement du monde. Idéologies. Structures. Contre-pouvoirs » (La Découverte, 2010).

Georges Corm signe ici un ouvrage pédagogique limpide sur l’état actuel du monde. Cet économiste de profession, spécialiste du Moyen-Orient et de la Méditerranée, a forgé son expertise au cours de nombreuses années de conseil auprès d’organismes internationaux et d’institutions financières. Il livre une analyse critique de la mondialisation et se lance dans un plaidoyer contre les « absurdités sociales auxquelles le monde globalisé nous a menés, et continue de le faire tous les jours ».

Reprenant tour à tour les facteurs culturels, sociologiques, politiques et économiques qui ont donné sa force au mouvement de globalisation, l’auteur entend aller contre les idées reçues et identifier les causes premières des dérèglements dont nous sommes victimes.

Sa démonstration se déroule alors de manière méthodique. Reprenant les fondements du néolibéralisme, G. Corm explique à quel point il est nécessaire d’en démystifier la doctrine économique et de sortir des éternels (faux) débats. Il faudrait par exemple cesser de vouloir sans cesse réduire la place de l’État dans l’économie, de prôner la sacro-sainte flexibilité des salaires, d’idéaliser les systèmes de retraites par capitalisation ou de croire en l’existence de bonnes pratiques pour les investisseurs.

Pire, d’après l’auteur : la grille de lecture du néolibéralisme, non contente de rétrécir le champ des débats économiques, nous empêche de faire face convenablement aux grands enjeux de notre temps. La lutte contre le réchauffement climatique, par exemple, est faussée « par tous ces a priori de la doctrine néolibérale en vertu de laquelle il faut refuser tout contrôle direct des États sur les questions du réchauffement climatique ». Ne devrait-on pas plutôt s’attaquer à la société de consommation et aux gaspillages économiques massifs qu’elle entraîne ? La lutte contre la faim dans le monde et la pauvreté subissent la même logique : sous couvert d’un développement à visage humain, nous oublions d’interroger les causes des inégalités sociales et matérielles, de l’exclusion et de la pauvreté.

Comment, dans ces conditions, aborder les problèmes cruciaux qui demeurent dans le monde ? Comment remettre en cause les dérèglements des systèmes de production des grands pays industrialisés ? Comment sortir des réflexes pavloviens du consumérisme, qui aujourd’hui se retrouvent même dans les logiques politiques ? Autant de questions posées par l’auteur, qui n’hésite pas à étayer ses propos de théories élaborées par les grands penseurs de l’altermondialisme.

Ces remises en cause viennent alors interroger l’évolution de l’enseignement de l’économie. Pour G. Corm, « l’enseignement académique de l’économie prétend désormais avoir accédé au statut de “science dure”. L’absence de discussions approfondies sur cette question permet à ce pouvoir de continuer à fonctionner avec la légitimité que lui attribue l’enseignement de l’économie, stéréotypé et homogénéisé à l’échelle mondiale. » En ligne de mire notamment : la mathématisation de l’approche économique et la tentation de faire de l’économie une science capable de prédire l’avenir avec certitude. Sans parler de la financiarisation de l’économie et de l’utilisation à outrance des modèles économétriques.

G. Corm scrute le pouvoir mondialisé et l’uniformisation du monde pour s’essayer à un – fort utile – exercice prospectif de dé-mondialisation.

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén