Étiquette : relations internationales Page 6 of 21

Le commerce et la force

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2022 de Politique étrangère (n° 1/2022). Maxime Lefebvre propose une analyse de l’ouvrage de Maxence Brischoux, Le commerce et la force (Calmann-Levy, 2021, 272 pages).

C’est un essai riche, utile, brillant et stimulant que nous propose Maxence Brischoux, cadre dans une grande entreprise publique du secteur de l’armement et enseignant à l’université Paris-2 Panthéon-Assas.

Sa parution intervient à point nommé. La montée en puissance de la Chine, qualifiée de « rival systémique » par l’Union européenne en 2019 et de « défi systémique » par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 2021, questionne en effet la théorie du « doux commerce » que l’on doit à Montesquieu, ainsi que la stratégie qui a consisté à faire entrer l’Empire du milieu dans l’Organisation mondiale du commerce et à parier sur son développement économique.

La France dans le bouleversement du monde

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps 2022 de Politique étrangère (n° 1/2022). Denis Bauchard, ancien ambassadeur, propose une analyse de l’ouvrage de Michel Duclos, La France dans le bouleversement du monde (Éditions de l’Observatoire, 2021, 320 pages).

Michel Duclos propose une riche synthèse sur la place et le rôle de la France dans un monde dangereux et déboussolé. La fin de la guerre froide a déréglé la boussole stratégique que le président de Gaulle avait « léguée à ses successeurs ». Il s’est ensuivi une politique étrangère française fondée sur la priorité européenne, la gestion de crise et un « incontestable rapprochement sur le plan opérationnel avec les États-Unis ». Mais il en a résulté une « érosion du consensus » qui présidait à notre politique étrangère. La victoire américaine sur le communisme s’est accompagnée d’une « désoccidentalisation du monde », en clair une perte d’influence de l’Occident liée au choc du 11 Septembre, à la gravité de la crise de 2008 et à la montée en puissance de la Chine, à quoi s’ajoutent les effets pervers de trop nombreuses interventions guerrières qui ont abouti, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, aux désastres que l’on connaît.

Géopolitiques de la culture

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Antoine Pecqueur propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Nassim Aboudrar, François Mairesse et Laurent Martin, Géopolitiques de la culture. L’artiste, le diplomate et l’entrepreneur (Armand Colin, 2021, 320 pages).

Après une pause forcée pendant plusieurs mois du fait de la crise sanitaire, le secteur culturel se relance, au cœur d’enjeux géopolitiques et géoéconomiques. Forte du succès de Squid Game, la Corée du Sud affirme sa puissance en matière d’industries culturelles. Et la France cherche à améliorer son lien avec les pays africains en lançant le processus de restitution d’œuvres d’art pillées pendant la colonisation ; vingt-six statuettes viennent ainsi d’être rendues au Bénin. Deux exemples qui montrent que la culture est loin d’être anecdotique dans les relations internationales. Le sujet n’ayant été que peu étudié, on ne peut que se réjouir de la publication de cet ouvrage signé de trois professeurs de Sorbonne-Nouvelle, au titre qui interpelle par son choix de mettre le terme géopolitique au pluriel.

Le premier XXIe siècle

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2021-2022 de Politique étrangère (n° 4/2021). Le diplomate Pierre Buhler propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Marie Guéhenno, Le premier XXIe siècle. De la globalisation à l’émiettement du monde (Flammarion, 2021, 368 pages).

Secrétaire général-adjoint des Nations unies auprès de Kofi Annan, chargé des opérations de maintien de la paix, diplomate – il a dirigé le Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay –, Jean-Marie Guéhenno est aujourd’hui professeur à Columbia. C’est dans une expérience du monde réel qu’il enchâsse une pensée singulière, servie par un esprit d’observation libre d’œillères et de préjugés. Guéhenno est un de ces auteurs qui ne prennent la plume que lorsqu’ils ont quelque chose d’important à dire. C’est ainsi que l’effondrement de l’URSS l’avait amené à s’interroger sur l’avenir de la démocratie (1993), puis de la liberté (1999).

Comme dans La Fin de la démocratie, voici près de 30 ans, le regard reste désabusé sur le prétendu triomphe de la démocratie qui aurait sanctionné l’effondrement de l’Union soviétique. Ce constat est aujourd’hui confirmé par la crise multiforme de l’Occident. Démentie par la réalité de son indifférence aux massacres des années 1990, sa prétention à l’universalisme de ses valeurs est en butte aux attaques contre son passé, son histoire coloniale, l’esclavage et son traitement des peuples autochtones. L’ordre multilatéral libéral tant vanté s’est avéré un manteau commode pour habiller la domination américaine. Et l’irruption du phénomène Trump a illustré la fragilité de la « roulette démocratique ».

Page 6 of 21

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén