Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2024 de Politique étrangère (n° 4/2024). Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/Eurasie de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage Dmitry Adamsky,The Russian Way of Deterrence: Strategic Culture, Coercion, and War (Stanford University Press, 2024, 226 pages).
La dissuasion était un domaine de recherche relativement nouveau pour l’armée russe post-soviétique. En quelques années, les théoriciens militaires ont néanmoins rattrapé leur retard en examinant la littérature occidentale produite sur le sujet durant la guerre froide. Dans une logique d’émulation, les stratégistes russes ont progressivement développé leur propre conception de la dissuasion.
Alors que leur contre-offensive de l’été 2023 a échoué et que leurs troupes sont passées en posture défensive sur la quasi-totalité du front, les Ukrainiens ont choisi de multiplier les actions à la périphérie du champ de bataille pour entraver l’effort de guerre ennemi.
Dans un article publié le 28 février dans Le Monde, les journalistes Jean-Baptiste Chastand, Anne-Françoise Hivert, Philippe Ricard, Elise Vincent et Thomas Wieder reviennent sur l’annonce par Emmanuel Macron, la veille, d’un envoi éventuel de troupes militaires dans le cadre de la guerre d’Ukraine. Ils citent à ce titre l’article de Yohann Michel, Olivier Schmitt et Élie Tenenbaum, « Les enjeux militaires de la guerre d’Ukraine : une impasse en trompe-l’œil ? », à paraître dans len° 1/2024 de Politique étrangère.
Une nouvelle fois, les déclarations d’Emmanuel Macron suscitent une levée de boucliers internationale. Vingt mois après avoir suggéré de « ne pas humilier » la Russie, voilà le président français accusé d’ouvrir un débat intempestif sur l’envoi éventuel de troupes alliées en Ukraine, afin de la défendre contre les assauts du Kremlin. […]
« Signal politique majeur »
Dans ce contexte, les propos du chef de l’État divisent fortement les experts militaires. Un nombre important de spécialistes français ont certes défendu, mardi, la posture d’Emmanuel Macron. « C’est un signal politique majeur », a notamment commenté Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN. « Il faut se garder un minimum de possibilités d’intervention et ne pas se mettre trop de lignes rouges. Sinon, c’est prendre le risque que les Russes pensent qu’ils ont les mains libres », soutient également Yohann Michel, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies, à Londres, et coauteur d’un long article à paraître dans la revue Politique étrangère, en mars, sur les enjeux militaires de la guerre en Ukraine. […]
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