Alors que leur contre-offensive de l’été 2023 a échoué et que leurs troupes sont passées en posture défensive sur la quasi-totalité du front, les Ukrainiens ont choisi de multiplier les actions à la périphérie du champ de bataille pour entraver l’effort de guerre ennemi.
Dans un article publié le 28 février dans Le Monde, les journalistes Jean-Baptiste Chastand, Anne-Françoise Hivert, Philippe Ricard, Elise Vincent et Thomas Wieder reviennent sur l’annonce par Emmanuel Macron, la veille, d’un envoi éventuel de troupes militaires dans le cadre de la guerre d’Ukraine. Ils citent à ce titre l’article de Yohann Michel, Olivier Schmitt et Élie Tenenbaum, « Les enjeux militaires de la guerre d’Ukraine : une impasse en trompe-l’œil ? », à paraître dans len° 1/2024 de Politique étrangère.
Une nouvelle fois, les déclarations d’Emmanuel Macron suscitent une levée de boucliers internationale. Vingt mois après avoir suggéré de « ne pas humilier » la Russie, voilà le président français accusé d’ouvrir un débat intempestif sur l’envoi éventuel de troupes alliées en Ukraine, afin de la défendre contre les assauts du Kremlin. […]
« Signal politique majeur »
Dans ce contexte, les propos du chef de l’État divisent fortement les experts militaires. Un nombre important de spécialistes français ont certes défendu, mardi, la posture d’Emmanuel Macron. « C’est un signal politique majeur », a notamment commenté Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN. « Il faut se garder un minimum de possibilités d’intervention et ne pas se mettre trop de lignes rouges. Sinon, c’est prendre le risque que les Russes pensent qu’ils ont les mains libres », soutient également Yohann Michel, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies, à Londres, et coauteur d’un long article à paraître dans la revue Politique étrangère, en mars, sur les enjeux militaires de la guerre en Ukraine. […]
Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2023 de Politique étrangère (n° 4/2023). Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Matthieu Chillaud,Le général Lucien Poirier et la stratégie. Hommage au primitif d’un art qui reste à découvrir (Institut de stratégie comparée, 2023, 248 pages).
Considéré comme l’un des quatre « généraux de l’Apocalypse » – ces militaires français qui ont théorisé la doctrine nucléaire française dans les années 1960 –, le général Poirier est moins connu et étudié que ses homologues André Beaufre, Charles Ailleret et Pierre-Marie Gallois. Sa production intellectuelle, extrêmement riche, peut en effet être difficile d’accès. Son apport à la théorie de la dissuasion, et plus largement à la constitution du champ des études stratégiques en France, est incontestable : dans cet ouvrage original qui lui est dédié, Matthieu Chillaud, docteur en histoire militaire travaillant sur l’histoire de la recherche stratégique en France, vise de ce fait à réhabiliter le général Poirier et à faire l’exégèse de ses travaux, via le prisme biographique.
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