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How to Fight a War

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2023 de Politique étrangère (n° 4/2023). Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Mike Martin, How to Fight a War (Hurst, 2023, 272 pages).

How to Fight a War se veut un manuel pratique à destination d’un décideur militaire, décomposant phase par phase la préparation, la planification et la réalisation d’une opération, tout en détaillant les spécificités liées à chaque milieu. Mike Martin commence par insister sur la nécessité absolue de disposer d’une stratégie réaliste et cohérente, adaptée non aux conflits souhaités mais aux conflits craints. Cette stratégie doit s’appuyer sur un triptyque invariant de buts, de méthodes et de moyens permettant sa concrétisation et, in fine, l’imposition de ses propres objectifs à l’adversaire. Il détaille ensuite le rôle du renseignement, de la logistique, de l’entraînement et du moral : quatre phases préparatoires indispensables à toute opération, quel qu’en soit le milieu. Il s’attarde ensuite brièvement sur ceux-ci, des trois milieux classiques (terre, mer, air) aux plus récents (espace, informationnel et cyber). Un passage est aussi dédié à la spécificité des armes dites « NRBC » (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) pour mettre en valeur le rapport souvent ambigu entre leur potentielle efficacité et l’aspect immoral de leur usage. Enfin, le dernier chapitre est consacré à la conduite de l’opération, entre préparation du terrain, phases d’attaque, de défense et de manœuvre.

Pensée et culture stratégiques russes

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2023 de Politique étrangère (n° 3/2023). Isabelle Facon propose une analyse de l’ouvrage de Dimitri Minic, Pensée et culture stratégiques russes. Du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2023, 632 pages).

Ce riche ouvrage, issu d’un travail de doctorat, repose sur une analyse approfondie et structurée de la littérature militaire russe des trois dernières décennies. Sa thèse centrale est celle d’un « contournement de la lutte armée » pour la réalisation des objectifs politiques. La pensée militaire russe privilégierait « l’évitement de la lutte armée interétatique » et accorderait un rôle central aux actions indirectes (militaires et non militaires) ainsi qu’aux mesures asymétriques (dans ou hors de la lutte armée), où les éléments informationnels et psychologiques occupent une place importante. Au terme d’une maturation dont l’auteur expose les étapes, le concept de guerre (dont les théoriciens militaires russes ont longtemps eu une vision « exclusivement armée ») s’est trouvé modifié par une ouverture aux « luttes non militaires ». Si la lutte armée est évidemment toujours prise en compte, elle doit être « brève et décisive ». Le concept de dissuasion stratégique, dont les définitions ont fluctué au fil du temps, incarne en soi cette évolution conceptuelle, qui marque a priori la victoire des « révisionnistes » sur les « traditionalistes ».

L’Ours et le Renard. Histoire immédiate de la guerre en Ukraine

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2023 de Politique étrangère (n° 3/2023). Amélie Férey, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Michel Goya et Jean Lopez, L’Ours et le Renard. Histoire immédiate de la guerre en Ukraine (Perrin, 2023, 352 pages).

« Nous croyons tous deux qu’il fallait faire ce livre pour aider à comprendre ceux qui veulent comprendre », expliquent Michel Goya et Jean Lopez dans leur avant-propos. Sur près de 300 pages, à grand renfort de cartes et de chiffres, le pari est tenu.

Le chapitre 1 analyse les forces en présence en amont du 24 février, pour expliquer la surprise de la résistance ukrainienne – le renard – contre un ours russe théoriquement supérieur. La discrète formation des troupes ukrainiennes par l’OTAN, avec le passage de la « tactique orientée commandement » à la « tactique orientée mission », et les dégâts causés par les sanctions économiques sur les équipements russes expliquent l’erreur d’appréciation.

Military Strategy in the 21st Century: The Challenge for NATO

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2021 de Politique étrangère (n° 3/2021). Guillaume Lasconjarias propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Janne Haaland Matlary et Robert Johnson, Military Strategy in the 21st Century: The Challenge for NATO (Hurst, 2020, 400 pages).

Le constat n’est pas nouveau : le mot « stratégie » a perdu de son sens comme le disait un article fondateur de Hew Strachan. Soit par un emploi démultiplié à l’excès, soit par le refus de le considérer dans sa dimension militaire. Face à cette aporie, et alors que d’autres pays s’enhardissent, que peut faire l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ? Il ne s’agit pas tant de définir les objectifs que de lister les défis à la fois géopolitiques, mais aussi internes, que doit traverser l’Alliance, laquelle a été largement chahutée durant la présidence Trump – le livre, publié en 2020, ne peut prendre en compte la nouvelle administration Biden.

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