Étiquette : système monétaire international

Monetary Policy and Its Unintended Consequences

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été 2024 de Politique étrangère (n° 2/2024). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Raghuram Rajan, Monetary Policy and Its Unintended Consequences (MIT Press, 2023, 140 pages).

S’il est un économiste qui jouit d’une réputation exceptionnelle, c’est bien Raghuram Rajan. Au milieu des années 2000, il avait alerté sur les risques que les produits structurés faisaient peser sur le système financier international. Entre 2013 et 2016, en tant que gouverneur de la banque centrale indienne, il a réduit le taux d’inflation par deux et sauvé la note en catégorie investissement de New Delhi. Aujourd’hui professeur de finance à l’université de Chicago, il s’inquiète des effets pervers des politiques monétaires accommodantes en vigueur jusqu’en 2022. On ne peut donc que lire religieusement son analyse.

Discipliner la finance/Darkness by design. The Hidden Power in Global Capital Market

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2020). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Patrick Artus, Discipliner la finance (Odile Jacob, 2019, 208 pages), et celui de Walter Mattli, Darkness by design. The Hidden Power in Global Capital Market (Princeton University Press, 2019, 264 pages).

Depuis la crise de 2008, de nombreux travaux ont mis en cause le poids exorbitant de la finance dans nos sociétés. Les livres de W. Mattli et P. Artus (respectivement professeur à Oxford et chef économiste de Natixis) s’inscrivent dans cette tendance, mais avec des approches différentes.

Guerre et paix entre les monnaies

Cette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (3/2014). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Jacques Mistral, Guerre et paix entre les monnaies (Fayard, 2014, 348 pages).

Dans un prologue un peu déconcertant, Jacques Mistral ébauche un portrait du monde en 2029. Il explique pourquoi et comment les années 2010 et 2020 ont été marquées par la montée du nationalisme et du protectionnisme, aboutissant à la fin de la deuxième mondialisation. Paradoxalement, cette entrée en matière prend tout son relief une fois la lecture de l’ouvrage achevée : y sont analysés en effet les dangers qui peuvent naître de l’absence de coopération entre grandes puissances économiques.

L’auteur enchaîne en décrivant le monde de 2013. Nous venons certes de traverser la pire crise depuis les années 1930, mais si nous avons évité une dépression semblable à celle de 1929-1933, c’est au prix d’une explosion des dettes publiques dans les pays occidentaux et de la mise en place de politiques monétaires « non conventionnelles » dont il est encore impossible de mesurer les conséquences à moyen-long terme. Ce constat justifie, selon Mistral, une réorganisation profonde de l’architecture financière et monétaire internationale.

Against the Consensus. Reflections on the Great Recession

consensusCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Claudia Hulbert propose une analyse de l’ouvrage de Justin Yifu Lin, Against the Consensus. Reflections on the Great Recession, (Cambridge, Cambridge University Press, 2013, 276 pages).

Justin Yifu Lin, ancien économiste en chef à la Banque mondiale, signe un livre captivant qui remet en cause plusieurs piliers de l’analyse économique moderne. En analysant en profondeur la crise économique actuelle, l’auteur parvient à trois conclusions majeures.

Premièrement, les raisons habituellement invoquées pour expliquer la récession ne sont pas assez fondées. L’auteur s’oppose à l’idée répandue selon laquelle ce sont les différentiels de balances courantes (et en particulier les surplus importants en Asie du Sud-Est) qui, via des achats massifs de bons du Trésor américain, ont provoqué une pression à la baisse sur les taux d’intérêt aux États-Unis, entraînant une bulle du crédit. Pour lui, la dérégulation financière des années 1980, aux États-Unis puis en Europe, a généré de larges augmentations de liquidités qui ont nourri la bulle immobilière, gonflé la consommation et entraîné de larges déficits courants et des flux de dollars vers l’étranger. Le lien de causalité serait donc en quelque sorte inversé.

Deuxièmement, les théories récentes du développement seraient inadaptées à l’évolution actuelle de l’économie mondiale. Les pays ayant véritablement décollé économiquement depuis la Seconde Guerre mondiale ont suivi une double stratégie de soutien aux exportations et de protection des industries jugées prioritaires. Un modèle de développement adapté pourrait donc reposer sur une stratégie d’avantages comparatifs renforcée par un schéma de flying geese (littéralement : « oies volantes »), selon lequel des pays proches copient un pays à succès.

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