Mois : octobre 2014 Page 2 of 5

Ashes of Hama: The Muslim Brotherwood in Syria

lefevreCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (2/2014). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de Raphaël Lefèvre, Ashes of Hama: The Muslim Brotherwood in Syria (Hurst, 2013, 288 pages).

Alors que les Frères musulmans constituent l’un des acteurs incontournables de la révolution syrienne, un éclairage sur la généalogie du mouvement s’avère précieux. Raphaël Lefèvre commence par souligner, contrairement aux raccourcis médiatiques, que les Frères syriens ne sont pas un simple satellite de la maison mère égyptienne. L’éclosion du mouvement en 1945, avec son leader Moustapha al-Sibai, doit être comprise dans le contexte sociopolitique propre à la Syrie : les rivalités communautaires entre sunnites et alaouites qui se juxtaposent à une rivalité entre bourgeoisies urbaines d’Alep, de Homs, de Damas d’un côté et les populations rurales de l’autre. Les Frères se sont ainsi développés au sein du premier groupe tandis que la campagne syrienne fut séduite par le Baas et sa doctrine panarabe socialiste.

La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement

la-fin-de-l-homme-rougeCette recension d’ouvrage est issue de Politique étrangère (3/2014). Ekaterina Tsaregorodtseva propose une analyse de l’ouvrage de Svetlana Alexievitch, La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement (Actes Sud, 2013, 544 pages).

L’Union soviétique est un de ces sujets à propos desquels il est difficile de ne pas tomber dans l’extrême, par une écriture antisoviétique et russophobe, ou par un patriotisme artificiel et exacerbé. Svetlana Alexievitch, journaliste biélorusse née en 1948, parvient à éviter ces deux écueils. Dans La Fin de l’homme rouge, elle se contente de transmettre le témoignage des hommes et femmes qui ont vécu la désintégration d’un empire tout entier. L’authenticité de leurs souvenirs rend ce livre véritablement captivant, en plus des poignants drames personnels de certains témoins. En quelques dizaines de monologues, dont certains sont de véritables chefs-d’œuvre, d’anciens Soviétiques partagent avec nous leur vision du monde. Si les mots « Gorbatchev », « Eltsine », « Gaïdar » et « Perestroïka » restent les mêmes de page en page, aucune de ces histoires ne ressemble à l’autre.

Âge, parcours, vision politique, statut social : les protagonistes sont tous différents. En août 1991 et octobre 1993, les citoyens soviétiques savaient que de leurs actions dépendait l’avenir de leur pays, de leur famille et de leurs enfants. Beaucoup ont désiré prendre part aux événements, qu’ils associaient à un tournant vers un avenir radieux : « Nous étions tous des romantiques. Aujourd’hui, on en a honte, de cette naïveté. » La période de transition qui a suivi, avec sa « thérapie de choc » et « son capitalisme sauvage », a cassé les illusions des anciens Soviétiques. Beaucoup ont été incapables de vivre dans ces nouvelles conditions : ils ont sombré dans le désespoir et l’alcool ou ont mis un terme à leur vie. D’autres se sont adaptés en se tournant vers le banditisme : les uns ont fait fortune, les autres se sont fait abattre. La Perestroïka et la période de transition qui l’a suivie n’ont épargné personne.

Crise de sécurité au Mexique : trois questions à Thibaud Marijn

Thibaud Marijn a rédigé un article sur les groupes d’autodéfense au Mexique, à paraître dans le numéro d’hiver 2014 de Politique étrangère. Il a bien voulu répondre à trois questions, en exclusivité pour politique-etrangere.com.

Mexique1) L’affaire des 43 étudiants disparus d’Iguala, au Mexique, fait les gros titres de l’actualité. Pouvez-vous revenir sur les tenants et aboutissants de ces événements, et sur ce qu’ils révèlent de la crise que traverse l’État mexicain ?

Tout d’abord, il y a un manque d’informations fiables sur cet événement. L’hypothèse la plus probable est que la disparition – et la possible mise à mort – des 43 étudiants soit liée à une alliance sordide entre le maire d’Iguala et sa femme (tous deux en cavale), les forces de police locales et un micro-cartel, Guerreros Unidos, issu de la fragmentation de l’Organisation Beltran Leyva, ex-acteur majeur du narcotrafic sur la côte Pacifique.

Ce point est important : la fragmentation des grands cartels crée un vide dans lequel s’engouffrent des petits groupes ne possédant ni les moyens financiers, ni les codes d’honneur de leurs prédécesseurs – qu’il ne faut pas non plus idéaliser, bien sûr. Ces petits groupes sont des mafias locales car ils n’ont pas la stature pour organiser un trafic d’envergure. Ils fondent leur emprise sur de petits territoires par le crime, la corruption, l’extorsion, etc.

Ce fait divers tragique est une nouvelle preuve de la fréquente collusion entre institutions politiques, policières et crime organisé. Ce genre d’exemple peut clairement pousser les citoyens à s’organiser en tant que groupes d’autodéfense. Il est probable que la lumière ne sera jamais faite sur cette affaire, ce qui va décrédibiliser encore plus les institutions politiques et la police, déjà au plus bas dans les enquêtes d’opinion. Au-delà de l’émotion et du choc, il faut bien comprendre que l’ennemi n’a qu’un seul nom : non pas le trafic illégal, mais la corruption, celle des fonctionnaires de base et celle « en col blanc » dans les plus hautes sphères.

« Kurdistan(s) » : rencontre le mercredi 22/10 à l’IReMMO

Cover_2-2014okÀ l’occasion du dossier « Kurdistan(s) » paru dans le numéro d’été de la revue Politique étrangère, une rencontre est organisée le mercredi 22 octobre à 18h30, avec :

Dorothée Schmid, spécialiste des politiques européennes en Méditerranée et au Moyen-Orient, elle dirige le programme « Turquie contemporaine » de l’Ifri depuis 2008 (coordonnatrice du dossier « Kurdistan(s) »).

Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS et auteur de Histoire de la Turquie contemporaine (La Découverte, 2004, 2007), et de Histoire de la Turquie de l’Empire à nos jours (Tallandier, 2013).

Introduction et modération : Dominique David, rédacteur en chef de la revue Politique étrangère.

 

Inscription : infos@iremmo.org / Participation : 8 et 5€ (tarif réduit : étudiant et demandeur d’emploi)

IReMMO 5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris (M° Maubert Mutualité)

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