Cette recension d’ouvrages est issue de Politique étrangère (4/2015). Carole Mathieu, chercheure au centre Énergie de l’Ifri, propose une analyse croisée des ouvrages de Jacques Mistral, Le climat va-t-il changer le capitalisme ? La grande mutation du XXIe siècle (Paris, Eyrolles, 2015, 270 pages) et de Christian de Perthuis et Raphaël Trotignon, Le climat, à quel prix ? La négociation climatique (Paris, Odile Jacob, 2015, 152 pages).
Engagées voici plus de 25 ans, les négociations internationales sur le changement climatique poursuivent inlassablement un même objectif : coordonner les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 196 pays et empêcher ainsi toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. En dépit de la clarté de ce mandat et d’un large consensus sur la nécessité d’agir au plus vite, c’est sur la question des modalités d’action que les négociateurs restent divisés. La problématique est pourtant bien connue. Archétype du bien public mondial, le climat est en péril car chacun a intérêt à jouer au passager clandestin, retardant ses propres efforts dans l’espoir de percevoir les bénéfices des actions initiées par les plus allants. Pour corriger cette défaillance du marché, les économistes formulent un appel quasi unanime à donner un prix aux dommages causés par les émissions.
La science économique joue ici pleinement son rôle en orientant les décideurs vers l’option qui minimiserait le coût total pour la collectivité. Pourtant, la tarification universelle du carbone est encore une réalité lointaine, les gouvernements privilégiant jusqu’ici des initiatives fragmentées et globalement insuffisantes pour infléchir la trajectoire des émissions de GES. À l’heure de la COP21, il faut donc que l’économie pure laisse place à l’économie politique. Le rôle des économistes n’est alors plus seulement de dessiner les contours d’un modèle optimal de coopération internationale mais de trouver enfin les arguments pratiques qui permettront de vaincre toutes les réticences. Dans cette quête de réalisme, l’ouvrage dirigé par Jacques Mistral, Le climat va-t-il changer le capitalisme ?, ainsi que celui de Christian de Perthuis et Raphaël Trotignon, Le climat, à quel prix ?, nous offrent des pistes de réflexion particulièrement bienvenues. Alors que le premier explore les mutations économiques, politiques et géopolitiques que la protection du climat est susceptible d’enclencher, le second aborde la question climatique sous un angle plus resserré, se focalisant sur la COP21 et donnant à son lecteur les clés de compréhension de la négociation en cours.
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