Le 12 juin, Xavier Martinet a consacré son émission « Les Enjeux internationaux » sur France Culture à la démocratie en Afrique. Il a présenté le dossier « La démocratie en Afrique : tours et détours », publié dans le numéro d’été 2019 de Politique étrangère (n° 2/2019) et recevait en invité Thierry Vircoulon, auteur de l’article « La démocratie ‘post-conflit’ en Afrique centrale : les causes d’un échec » et co-auteur avec Victor Magnani de l’article « Vers un retour de l’autoritarisme en Afrique ? ».
Nouvelles promesses et nouveaux espoirs de transition démocratique au Soudan, après 20 ans d’autoritarisme. Trajectoire presque inverse au Bénin, autrefois considéré comme une « démocratie modèle » et marqué par des violences post électorales. Ceci alors que le Nigeria célèbre aujourd’hui le Democracy Day, le jour même l’investiture du Président Buhari. Les Démocraties africaines semblent être à l’ère des divergences…
« Democrazy »
Vingt ans après la fin de la dictature militaire, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a été réélu avec 56 % des voix pour un second mandat. Comme lors de sa première élection en 2015, Buhari a promis de s’attaquer à l’insécurité et à la corruption dans le pays. Mais le premier mandat du président est le reflet de l’état dans lequel se trouvent un certain nombre de régimes en Afrique et qui ne sont pas en mesure de trouver les solutions aux problèmes sociaux et économiques de la population.
Le Nigeria, malgré son statut de première économie d’Afrique, est aussi un pays où la moitié de sa population se trouve dans l’extrême pauvreté, où Boko Haram sévit et où les élections n’enregistrent que 35 % de taux de participation… Et bien que le pays possède des institutions stables, celles-ci semblent incapables de créer une cohésion nationale.
Le Soudan, un cas atypique ?
Le Soudan lui, sort de 20 ans de pouvoir avec un parti quasi unique et qui semble hésiter entre révolution civile et junte militaire – un conseil militaire qui ne semble d’ailleurs pas prêt à impulser un processus de transition démocratique.
« Au Soudan comme en Algérie, la révolte de la société civile se heurte au pouvoir militaire. Ce sont des régimes congelés depuis longtemps et qui sont, du fait de l’importance de l’armée, des régimes anachroniques par rapport aux autres régimes politiques en Afrique. » Thierry Vircoulon
Début avril, c’est un mouvement citoyen, encadré par un réseau de responsables porteurs d’un projet politique pour une transition démocratique, qui est parvenu à obtenir le renversement du président Omar Al-Bachir, après des mois de mobilisation populaire. Mais en court de route, les généraux du Conseil militaire de transition – et avec l’appui de certains pays du Golf -, ont lancé une campagne de violence à Khartoum dont l’ambition était de liquider le mouvement démocratique et de récupérer le pouvoir.
L’obsession électorale
Après la démocratisation qui a eu lieu dans les années 1990 s’est formé en Mauritanie un groupe politique et économique hégémonique, qui a réussi à se maintenir au pouvoir à travers les élections – une sorte de déviance de la démocratie puisque ce groupe bloque aujourd’hui toute alternance et réussi à se renouveler puisqu’il détient les leviers économiques et politiques du pouvoir. Dans ce cas précis, les élections aboutissent au recyclage d’une classe politique, portant atteinte à l’émergence de nouveaux acteurs politiques.
« Dans beaucoup de pays africains, la classe politique a un comportement prédateur. Elle a retiré la substance de l’État pour en faire une entreprise de taxation et non plus une entreprise de fourniture de service à la population. »
Retrouvez le podcast de l’émission ici.
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