Dans un article publié le 23 février dans La Tribune, le journaliste Grégoire Normand questionne l’efficacité réelle des sanctions imposées à la Russie dans le cadre de la guerre d’Ukraine, alors que l’Union européenne vient tout juste de voter un treizième paquet de sanctions. Il cite à ce titre l’article de Vladislav Inozemtsev, « Guerre d’Ukraine : où en est l’économie russe ? », publié dans le n° 4/2023 de Politique étrangère.

Près de deux ans après l’éclatement du conflit en Ukraine, le constat est clair : le front militaire s’est enlisé. Bruxelles a néanmoins dégainé, quelques jours avant le deuxième anniversaire du déclenchement de l’invasion russe le 24 février, un 13e paquet de sanctions à l’encontre de Moscou. Parmi les objectifs visés, figurent notamment de « restreindre encore l’accès de la Russie à la technologie militaire » et d’« inscrire de nouvelles sociétés et personnes sur la liste de ceux qui participent à l’effort de guerre » russe.

À ce jour, 2 000 personnes ou entreprises figurent sur cette liste, selon la Commission européenne, vendredi. À la clé ? Le gel de près de 30 milliards d’euros d’avoirs privés sur le Vieux continent.

Tout l’enjeu pour l’UE a été de viser, délibérément, des secteurs bien précis, comme les services financiers. Dans cette optique, l’Union européenne avait – notamment – décidé d’exclure la Russie de Swift, un grand système de messagerie financière au monde. Objectif affiché, priver les banques russes de faire des opérations financières rapides et à grande échelle.

Arrêt des importations d’énergie russe…

Sur le plan énergétique, la principale décision a été de couper drastiquement les importations de pétrole et de gaz russe. Très dépendante de l’énergie fossile, l’économie européenne a dans un premier temps souffert de cet arrêt brutal des importations. Notre voisin outre-Rhin s’est révélé très exposé.

Résultat, les Etats membres ont été contraints de dénicher de nouvelles sources d’approvisionnement. De son côté, la Russie a certes accusé des pertes sur ses exportations d’hydrocarbures, mais elle a rapidement trouvé des débouchés (Chine, Inde, Turquie, Singapour, Pakistan).

En outre, les pays occidentaux ont continué d’acheter à prix d’or des hydrocarbures russes, via des pays qui raffinaient cette même énergie. D’autres Etats moins scrupuleux comme l’Autriche n’ont pas du tout arrêté leurs importations d’énergie russe. Au contraire, Vienne a même amplifié ses achats d’énergie fossile. Résultat, la Russie a pu bénéficier de recettes d’exportations conséquentes en 2022. […]

Des sanctions financières aux effets limités à cause de la Chine

Malgré un arsenal de sanctions financières inédit à l’encontre de la Russie, leurs effets ne semblent pas être à la hauteur. « Les sanctions financières elles-mêmes n’ont eu qu’un impact limité sur l’économie russe : le montant des actifs gelés de la Banque centrale de la Fédération de Russie (estimé à près de 300 milliards de dollars) était comparable à l’excédent commercial de la Russie pour 2022 », explique l’économiste et ancien directeur de banque, Vladislav Inozemtsev, dans un récent article de la revue Politique étrangère pour l’IFRI. […]

« La production industrielle est en hausse et les prévisions anticipant un épuisement des équipements militaires avant la fin 2022, ou un effondrement de la production pétrolière de 56% en 2023, semblent désormais erronées», souligne Vladislav Inozemtsev. » […]

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