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V13. Chronique judiciaire

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022).
Marc Hecker propose une analyse de l’ouvrage d’Emmanuel Carrère, V13. Chroniques judiciaires (P.O.L., 2022, 368 pages).

Premier plan : couverture du livre "V13. Chroniques judiciaires" d'Emmanuel Carrère, texte bleu sur fond blanc strié.
Arrière-plan : photographie d'un marteau de justice par Zolonierek.

On connaissait Emmanuel Carrère écrivain – prix Femina pour La Classe de neige et Renaudot pour Limonov –, on le découvre chroniqueur judiciaire. Ce genre, qui ne concerne guère les relations internationales, n’a pas habituellement sa place dans Politique étrangère. Mais le procès « V13 », par son importance et sa dimension transfrontalière, fait exception. V13 pour vendredi 13 : jour funeste de novembre 2015 où 130 personnes perdirent la vie aux abords du Stade de France, au Bataclan et sur les terrasses de cafés parisiens.

The Terrorist Image: Decoding the Islamic State’s Photo-Propaganda

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2022 de Politique étrangère (n° 4/2022).
Marc Hecker propose une analyse de l’ouvrage de Charlie Winter, The Terrorist Image: Decoding the Islamic State’s Photo-Propaganda (Hurst, 2022, 320 pages).

Couverture du livre "The Terrorist Image: Decoding the Islamic State’s Photo-Propaganda" de Charlie Winter au premier plan. En image de fond tout en noir et blanc, image d'une personne en ombre représentant un terroriste avec derrière lui une ville embrumée.

Voici dix ans, Abdelasiem El Difraoui publiait Al-Qaïda par l’image (Presses universitaires de France), ouvrage tiré d’une thèse de doctorat qui analysait « le Grand Récit d’Al-Qaïda et du djihad global ». À l’époque, Daech n’existait pas. Or, ce groupe rival d’Al-Qaïda a porté la propagande djihadiste à un niveau supérieur, déversant sur internet une myriade de contenus dans de multiples langues.

The Bin Laden Papers

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne 2022 de Politique étrangère (n° 3/2022). Marc Hecker, rédacteur en chef de la revue et chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Nelly Lahoud, The Bin Laden Papers: How the Abbottabad Raid Revealed the Truth about Al-Qaeda, Its Leader and His Family (Yale University Press, 2022, 384 pages).

Nelly Lahoud, spécialiste du terrorisme au think tank New America et ancienne enseignante à l’académie militaire de West Point, a eu accès à plusieurs dizaines de milliers de documents saisis par les Navy Seals lors de l’opération visant à éliminer Oussama Ben Laden. Elle en tire un riche ouvrage qui nous offre une plongée dans la tête du fondateur d’Al-Qaïda et de ses proches conseillers. On retiendra plus spécifiquement quatre aspects de ce livre remarquable.

The Inheritance

Cette recension a été publiée dans le numéro d’été 2022 de Politique étrangère (n° 2/2022). Jean-Loup Samaan propose une analyse de l’ouvrage de Mara E. Karlin, The Inheritance: America’s Military after Two Decades of War (Brookings Institution Press, 2022, 320 pages).

Alors que le débat stratégique semble à Washington accaparé par la compétition stratégique entre les États-Unis d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre, le livre de Mara E. Karlin vient nous rappeler combien la guerre contre le terrorisme a façonné l’armée américaine au cours des vingt dernières années. L’ouvrage se présente comme un véritable audit de l’outil de défense à l’aune de deux décennies de conflits au Moyen-Orient. Le propos de Karlin se veut donc moins géopolitique que sociologique. Laissant temporairement de côté la question éternelle des priorités stratégiques américaines entre Asie, Europe et Moyen-Orient, l’auteur se penche sur les traces laissées par les guerres d’Irak et d’Afghanistan sur le moral des troupes, ainsi que sur le processus décisionnel du Pentagone.

Certaines problématiques de The Inheritance sont déjà bien connues. L’auteur évoque ainsi les querelles entre décideurs civils et militaires. Elle rappelle l’épisode au cours duquel l’ancien secrétaire à la Défense Robert Gates donne la priorité aux ressources allouées à l’armée de Terre en Irak, au risque de s’attirer les foudres de l’armée de l’Air. Elle évoque aussi les vives oppositions, sous Barack Obama, entre la Maison-Blanche et la hiérarchie militaire autour du surge afghan en 2009. L’auteur revient enfin sur la célébrité, éphémère, de David Petraeus, pour mieux montrer les dérives impliquées par la « militarisation » de la politique étrangère américaine de ces dernières années.

Pour conduire ce travail, Karlin s’est appuyée sur une impressionnante série d’entretiens avec des officiers et cadres civils du département de la Défense, qui lui permet de saisir au plus près les tensions et les frustrations de l’armée américaine. La mobilisation de ces nombreux témoignages enrichit l’analyse, et la place à mi-chemin entre l’essai de sociologie militaire et le rapport ethnographique. L’originalité du livre vient aussi de la connaissance intime de son auteur pour le Pentagone : au cours des deux dernières décennies, Karlin a alterné entre des postes à l’université Johns Hopkins et au cabinet du secrétaire à la Défense. Avant même la parution de The Inheritance, elle a d’ailleurs à nouveau retrouvé le Pentagone en qualité d’Assistant Secretary of Defense, supervisant plus particulièrement la production de documents comme la National Defense Strategy.

L’enquête menée par Karlin relève d’une sociologie critique mais compréhensive de l’armée américaine. Sa ligne intellectuelle se veut bienveillante et surtout non partisane (prenant soin de rappeler les torts à la fois des administrations démocrates et républicaines). Les pages les plus saisissantes du texte voient Karlin interroger des officiers, jeunes mais aussi plus âgés, qui ne lui cachent pas leur sentiment d’incompréhension quant à ce que la guerre contre le terrorisme a pu représenter pour eux, pour l’ensemble de la communauté militaire, et en particulier pour ceux qui ont sacrifié leur vie en son nom. L’amertume est alors palpable dans les témoignages recueillis. Bien que le texte ait été écrit avant le retrait américain d’Afghanistan, il est difficile de ne pas voir dans ce désarroi un écho des émotions suscitées par l’évacuation de Kaboul à l’été 2021.

Jean-Loup Samaan

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